La «cancel culture»? Importée des États-Unis et popularisée après la vague #MeToo en 2017, cette pratique vise à bannir ou à boycotter toute opinion jugée discriminatoire.
«To cancel» quelqu’un équivaut ainsi à bâillonner et museler ses prises de parole, voire, éventuellement, à boycotter ses œuvres s’il s’agit d’un artiste. L’expression provient du rappeur Lil Wayne. Récemment, J.K. Rowling, la créatrice de Harry Potter, s’est retrouvée «cancelled» par des milliers d’internautes après avoir tenu des propos qualifiés de «transphobes». En France, la pratique du boycott pur et simple d’intellectuels commence à se répandre.
En octobre 2019, plusieurs associations étudiantes avaient obtenu l’annulation d’une conférence de la philosophe Sylviane Agacinski à l’université Bordeaux Montaigne, taxée d’«homophobe notoire» en raison de ses engagements contre la PMA. Dans un courrier adressé ce mercredi 25 novembre à Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, les deux députés «Les Républicains» Julien Aubert et Damien Abad demandent «la création d’une mission d’information sur les dérives intellectuelles idéologiques dans les milieux universitaires». Les deux élus de droite s’inquiètent ainsi de «l’importation depuis les États-Unis d’une “cancel culture” qui désigne la volonté de réduire au silence dans l’espace public tous ceux qui portent des paroles ou un comportement jugés “offensants”».
La France peut-elle échapper à ces formes nouvelles de mise à l’index et d’excommunication, revenues au goût du jour? Éléments de réponse avec Mathieu Bock-Côté, sociologue et essayiste québécois, auteur de L’Empire du politiquement correct (Ed. du Cerf).