«Tant que je serai ministre des Finances, nous n’augmenterons pas les impôts des Français, tout simplement parce que nous avons le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé des pays développés. Ce serait totalement irresponsable et cela tuerait la croissance dans l’œuf.»
Au micro de France inter, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance a réitéré sa promesse: pas d’augmentation d’impôts… du moins tant qu’il sera à Bercy. La cause de ce rappel au lendemain de l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron? Les inquiétudes grandissantes vis-à-vis du volume de dépenses effectuées par l’exécutif afin de faire face à la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 et la question qui est sur toutes les lèvres depuis le plan d’urgence lancé lors du premier confinement: qui va payer?
«On flirte avec les 120% de dette, comment rembourser?» interroge Léa Salamé, qui évoque la suggestion d’Arnaud Montebourg, ex-locataire de Bercy de faire racheter cette dette française comme celles des autres États membres par la Banque centrale européenne. Hors de question pour le ministre, lui-même l’a affirmé, la France remboursera sa dette.
Rembourser sans augmenter les impôts: impossible alchimie?
«Nous nous fixons 20 années pour rembourser la dette Covid», déclare Bruno Le Maire, qui avance trois pistes afin d’y parvenir sans alourdir la feuille d’impôts des Français: que les politiques présents et à venir demeurent «responsables» en matière de finances publiques, en menant à bien des «réformes de structure» (retraites) et bien entendu «grâce à la croissance». Sur ce dernier volet, le locataire de Bercy se montre optimiste, en tablant sur une croissance de 6% l’an prochain en France. Même avec une contraction du PIB à deux chiffres en 2020, atteindre une telle prévision, qui d’après le ministre «intègre le choc qu’a constitué ce deuxième confinement sur l’économie française», serait du jamais vu depuis 1973.
Pour autant la fiscalité n’est pas constituée que des seuls «impôts», la multitude de taxes en vigueur et à venir en France est autant de leviers sur lesquels l’exécutif peut jouer sans mettre à mal sa communication. C’est notamment le cas des impôts européens, qui devraient voir le jour dans le cadre du plan de relance (taxe sur le plastique non recyclé début 2021 et taxe carbone sur les produits importés d’ici 2023). Si tant à l’Élysée qu’à la Commission, on affirme que ceux-ci ne seront pas à la charge des citoyens européens, mais à celle des entreprises (ou de «contributions nationales» pour la taxe plastique), inutile de préciser que ce sont bien les consommateurs finaux qui supporteront cette hausse fiscale.
Plan de relance, aubaine pour la création d’impôts européens
Sans pour autant passer par ce type d’artifices, la question demeure de savoir si Bruno Le Maire parviendra à tenir une telle promesse, même depuis Bercy. «Dans le contexte économique actuel, je ne veux aucune augmentation d’impôts», déclarait-il pas plus tard que fin septembre, affirmant aux Échos sa volonté «de préserver le pouvoir d’achat des Français» et donc que la création d’une taxe au poids sur les véhicules ne figurerait pas dans le projet de loi finance (PLF) 2021.
D’ailleurs, Barbara Pompili avait initialement évoqué qu’elle présenterait cet alourdissement de la fiscalité automobile dans un projet de loi au printemps, qui reprendrait une partie des propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Une convention regroupant près de 150 propositions en faveur de la sauvegarde du climat et que l’on pourrait assimiler à un florilège de nouvelles idées d’impôts. Initialement annoncée par la ministre de l’Écologie au printemps, cette date pourrait donc coïncider avec le futur examen de Bruno Le Maire.