L'ambassadeur de France en Azerbaïdjan, Zacharie Gross, a été convoqué ce jeudi 26 novembre au ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères où il s'est vu remettre une note de protestation suite à l'adoption par le Sénat français d'une résolution concernant la reconnaissance du Haut-Karabakh, a annoncé le ministère dans un communiqué.
«L'ambassadeur a reçu une note de protestation du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères en relation avec l'adoption par le Sénat français de la Résolution portant sur la nécessité de reconnaître la République du Haut-Karabakh», indique le ministère.
Résolution du Sénat sur le Haut-Karabakh
Le 25 novembre, les sénateurs français ont approuvé par 305 voix contre 1 une résolution appelant le gouvernement français à reconnaître la république autoproclamée du Haut-Karabakh et à faire de cette reconnaissance un instrument de négociations en vue de l’établissement d’une paix durable dans la région.
✅ Le #Sénat a adopté par 305 voix contre 1 (et 30 abstentions) la prop. de résolution de @BrunoRetailleau, @PatrickKanner, @HerveMarseille, @ElianeAssassi et @GuillaumGontard portant sur la reconnaissance de la République du #HautKarabagh examinée à la demande de @gerard_larcher pic.twitter.com/6BWuVPAhwn
— Sénat (@Senat) November 25, 2020
Cette décision a été saluée par le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et condamnée par la Turquie. L'Azerbaïdjan a considéré l'adoption de la résolution comme «un pas très honteux» de la part de la France, a déclaré à Sputnik Hikmet Hajiyev, l'assistant du Président azerbaïdjanais.
Le Sénat invite notamment le gouvernement à apporter une aide humanitaire massive aux populations civiles du Haut-Karabakh, à déployer une force d’interposition internationale sous son égide pour défendre les civils, à demander de lancer une enquête internationale sur les crimes de guerre commis au Haut-Karabakh.
Les sénateurs souhaitent en outre que la France oeuvre pour relancer les discussions en vue de régler le conflit d'une manière durable, d'assurer le rétablissement des frontières définies en 1994, de garantir la sécurité des Arméniens et de préserver le patrimoine culturel et religieux arménien.
Par ailleurs, la résolution évoque «les réponses les plus fermes appropriées» aux actions de la Turquie dans la région.
Conflit dans le Haut-Karabakh
Le conflit dans le Haut-Karabakh a éclaté en février 1988, lorsque cette région autonome principalement peuplée d'Arméniens a voulu se séparer de la République socialiste soviétique d'Azerbaïdjan.
Lors d’un conflit armé entre 1992 et 1994, l'Azerbaïdjan a perdu le contrôle sur le Haut-Karabakh. Depuis 1992, le règlement pacifique du conflit fait l'objet de négociations menées dans le cadre du Groupe de Minsk de l'OSCE présidé par les États-Unis, la Russie et la France. Alors que Bakou insiste sur la préservation de son intégrité territoriale, Erevan défend les intérêts de la république non reconnue, le Haut-Karabakh n’étant pas partie prenante dans les négociations.
Le 27 septembre, des combats d'envergure ont repris dans la région. Le 9 novembre, l'Azerbaïdjan, l'Arménie et la Russie ont signé une déclaration sur l'arrêt complet des hostilités. Le document prévoit le passage de plusieurs régions de la république autoproclamée sous le contrôle de Bakou, l’échange de prisonniers entre Erevan et Bakou ainsi que le déploiement d’un contingent russe de maintien de la paix le long de la ligne de contact et dans le couloir de Latchine reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie.