Face à la concurrence d’Amazon, les bouquinistes de Paris «perdurent par le côté humain» - vidéo

© jarmoluk / PixabayLivres anciens. Image d'illustration
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Un espoir pour les amateurs de livres: dès ce samedi 28 novembre, bibliothèques, archives et librairies pourront ouvrir de nouveau, jusqu'à 21h. Les bouquinistes parisiens, qui ont souffert davantage encore que les libraires classiques, tentent de résister aux conséquences du passage à vide.

Les bouquinistes de Paris, dont la longue tradition remonte au XVIe siècle, font partie du paysage parisien. Mais face aux conséquences du Covid-19, doivent-ils se résigner à disparaître ou à se réinventer? C’est le dilemme de Jérôme Callais, président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris, qui regroupe 190 libraires. Il accueille Sputnik dans son «bureau en plein air» quai de Conti, devant son casier vert n° 5 fermé à clé.

Un monde à part: «Un bouquiniste est un libraire pas comme les autres», raconte ce passionné. Loin de l’obsession pour la vente, «on vient pas sur les quais pour devenir riche, ça se saurait si c’était le cas», ces ambassadeurs de la lecture «au fil de l’eau» tentent de résister au click & collect qui s’impose.

«Bouquiniste, c’est une éthique, une philosophie, un regard sur la vie et sur le métier. On vient sur les quais pour partager, échanger», explique Jérôme Callais.

Venir travailler en plein air est également «une exception culturelle unique au monde», et les bouquinistes sont inscrits au patrimoine culturel immatériel mondial de l’Unesco. En temps normal, avant la pandémie, les bouquinistes «restaient ouverts tous les jours de l’année, du 1er janvier au 31 décembre».

Face aux GAFA, un combat inégal

Bien sûr, les bouquinistes n’en sont pas à leur premier choc culturel. L’association est sortie victorieuse face à une dérive «née dans les années 2002-2009» consistant à vendre de plus en plus de souvenirs aux touristes. Des babioles «plus faciles à vendre» et un commerce «plus rémunérateur», regrette le président de l’association. Les dernières années sont un nouveau coup dur: avant le Covid, il a fallu faire avec la désertification du centre historique suite aux «grèves des transports, puis aux Gilets jaunes, puis de nouveau aux grèves des transports».

«Ça fait deux ans qu’on est en train de couler. Si vous y ajoutez la crise de la culture et la crise du livre… on n’avait pas besoin du Covid», déplore Jérôme Callais.

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Très inquiet de «cette catastrophe économique et humaine», le président des bouquinistes parisiens décrit une «société qui se déshumanise, où on essaye de nous faire tout faire sur le Net».

«On perdure par le côté humain. Jusqu’ici, par les compétences et le service qu’on a apportés, on contrebalançait la concurrence des GAFA, d’Amazon», souligne le bouquiniste.

Malgré la facilité évidente «de commander un livre face à son écran, de payer par carte bancaire et de recevoir le livre dans sa boîte aux lettres deux jours après», les bouquinistes résistent. Face aux assauts de la grande distribution et de la vente en ligne, David Nosek, un bouquiniste du quai du Louvre, a créé une plateforme digitale qui devrait ravir ceux qui souffrent de la fermeture des boîtes vertes sur les quais.

«Ce n’est pas dans la tradition, mais je le prends comme une vitrine. Ça peut être un moyen de faire venir les gens sur les quais. Ça peut attirer de nouveau les gens chez nous», conclut Jérôme Callais avec espoir.
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