«Ce que fait Israël en Syrie depuis 2011, d’un point de vue juridique, ce sont des agressions. L’État souverain de Syrie a le droit de conclure des accords militaires avec des pays alliés. La présence iranienne, et même russe, est donc légitime. On ne peut pas comparer une agression avec une alliance.»
Interrogé par Sputnik, Riadh Sidaoui, directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales (CARAPS), a un jugement sans concession des nouvelles frappes israéliennes qui ont eu lieu dans la nuit du 24 au 25 novembre au sud de Damas.
Frappes illégales?
Une intervention qui suscite des questions sur la sa légitimité du point de vue du droit international.
«Les actions des deux pays en Syrie ne sont pas comparables et ne peuvent pas être mises sur le même plan. La présence et les actions militaires iraniennes sont légales, car elles interviennent à la demande du gouvernement syrien. Or, les frappes israéliennes en Syrie sont parfaitement illégales, car elles violent le droit international. C’est un comportement d’État voyou», accuse au micro de Sputnik Michel Raimbaud, diplomate retraité et auteur du livre Les guerres de Syrien paru aux éditions Glyphe.
Riadh Sidaoui rappelle d’ailleurs qu’Israël engage également des cibles syriennes, comme cela a pu être le cas avec un centre de recherche près de Damas, qui a été frappé en 2013.
De son côté, Téhéran a toujours justifié sa présence au sol en Syrie par le fait qu’elle apporte une assistance consultative à l’armée syrienne dans sa lutte contre les différents groupes terroristes présents sur son territoire, à la demande de l’État syrien.
La 210ème DIV et la Coopération Internationale ont accueilli 36 attachés militaires étrangers dans le nord d'Israël. Ils ont été informés de la situation et des projets de Tsahal.
— Tsahal (@Tsahal_IDF) November 17, 2020
Nous travaillons avec la communauté internationale pour expulser l'Iran et le Hezbollah de la Syrie pic.twitter.com/bKnd1kBC2v
Qu’importe. Pour Israël, pays frontalier de la Syrie, la sécurité nationale prime sur le droit international. Et pour Tel-Aviv, si l’Iran s’implante sur le territoire syrien, c’est pour créer une tête de pont aux portes d’Israël pour les forces iraniennes.
Stratégie israélienne hasardeuse?
Mais au-delà des considérations juridiques, cette stratégie de harcèlement constant des éléments iraniens peut-elle permettre à Tsahal d’accomplir sa mission, à savoir, dissuader les forces iraniennes d’établir une présence militaire importante et durable en Syrie?
«Je ne pense pas», répond Riadh Sidaoui. «Preuve en est que malgré toutes les agressions qui ont eu lieues depuis 2011, la donne sur le terrain n’a pas changé. L’Iran ripostera d’ailleurs d’une façon ou d’une autre», estime le chercheur.
«Les bombardements aériens n’ont jamais changé une donne politique ou militaire sur le terrain. Ce sont toujours les soldats au sol qui changent la donne géopolitiquement. Et ce, peu importe où l’on se trouve dans le monde.»
Une analyse que partage le général de brigade américain à la retraite Ernest C. Audino: «Quelques frappes aériennes ne font pas gagner les guerres. Elles peuvent créer des conditions favorables, mais ces conditions doivent être exploitées et contrôlées par une puissance de combat écrasante sur le terrain. Ce n’est pas moi qui parle… C’est l’histoire qui parle.»
De fait, la stratégie israélienne de harcèlement n’a pas eu, à ce jour, l’effet dissuasif escompté. Les forces iraniennes sont toujours présentes en Syrie, même si leur nombre est confidentiel et invérifiable. En attestent les frappes quasi hebdomadaires des forces israéliennes en Syrie.