Faut-il être riche pour bien manger? Une plateforme d’e-commerce française veut prouver le contraire

© Photo Etienne JammesAurore market
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Comment réussir à consommer français sans se ruiner en temps de crise? Pour tenter de résoudre ce problème, des entreprises s’engagent. C’est le cas d’Aurore Market, une plateforme d’e-commerce bio, éthique et solidaire, qui a créé un système d’adhésion permettant à des familles modestes ou des étudiants d’accéder à ce type de produits.

«Il ne faudra jamais céder à l’idée qu’il faut être riche pour bien manger […] On peut très bien manger à petit prix.» Cette petite phrase lancée le 13 novembre dernier par Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, n’a pas manqué de provoquer un tollé chez les responsables politiques de gauche. Manon Aubry (LFI) a ironisé sur les propos de l’ancienne députée, soulignant notamment que «les étudiants aux frigos vides qui font la queue pour des distributions alimentaires et les 10 millions de pauvres de ce pays ont certainement l’embarras du choix dans leur alimentation “pour bien manger”

Pour répondre à cette problématique, des entreprises s’engagent. C’est le cas des e-shops Kazidomi, La Fourche, ou encore Aurore Market. Cette dernière a un concept simple, mais ambitieux: «permettre aux familles qui n’ont pas les moyens de consommer du bio de pouvoir y accéder», explique à Sputnik Roman Régis, l’un des quatre cofondateurs de la plateforme française d’e-commerce, lancée en mars 2018.

«On propose une adhésion annuelle de 60 euros qui permet d’accéder à la plateforme et de faire des courses toute l’année. Et à chaque nouvelle adhésion à Aurore Market, on en offre une à une famille qui n’a pas les moyens.»

Des frais d’adhésion qui peuvent paraître élevés compte tenu de la baisse du pouvoir d’achat des Français. À ce jour, Aurore Market revendique plus de 4.000 foyers à travers la France qui bénéficient de l’adhésion gratuite. Avec l’épidémie de coronavirus, les demandes ont explosé de 100% depuis le premier confinement, souligne l’entreprise. «Avant la crise, on avait déjà une situation la grande majorité de la population qui ne pouvait déjà pas accéder à une alimentation, saine et de qualité au quotidien», rappelle Roman Régis.

Les Français privilégient une alimentation saine

En effet, selon l’étude du nouvel observatoire «Alimentation et familles» de la Fondation Nestlé, réalisée avec IPSOS, si les Français privilégient dorénavant une alimentation saine et équilibrée, notamment en achetant du bio, le prix de ces produits constitue un frein indéniable.

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La crise du coronavirus peut-elle marquer l’avènement du tout-bio?
Ainsi, 47% des Français estiment que manger équilibrer est trop coûteux alors que 45% se disent inquiets par la situation financière de leur foyer face à la crise. Cependant, Pierre-Alexandre Teulié, secrétaire général de la Fondation Nestlé, note que «ce n’est pas sur la nourriture que les Français font des arbitrages à la baisse. Ils se dirigent vers des promotions, vers les enseignes les moins chères. Ils rationalisent leur choix pour continuer à bien manger. Ils ne font pas de sacrifices sur la nourriture.»

L’adhésion à Aurore market permet d’accéder à des produits bio de 30% à 50% moins cher que les chaînes spécialisées dans ce type de produits. Des prix également compétitifs par rapport à ceux pratiqués par la grande distribution. Une enquête de l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, sur la base des cotations officielles publiées pour 24 fruits et légumes, pointait le «niveau exorbitant des marges brutes sur le bio: en moyenne, 75% plus élevées qu’en conventionnel.» Une politique de prix qui ne bénéficie ni aux clients ni aux producteurs.

Marges exorbitantes de la grande distribution sur le bio

Aurore market veut donc changer cet état de fait en proposant un système de distribution qualifié de «vertueux» par Roman Régis. Un fonctionnement qui permettrait de ne pas «taper sur les producteurs pour vendre un produit moins cher», en partie grâce à une réduction des «coûts marketing», avance le cofondateur de la plateforme d’e-commerce.

«On ne va pas dépenser 20% du panier des consommateurs, comme d’autres distributeurs, dans du marketing ou de la publicité pour inciter à l’achat», détaille Roman Régis.

En outre, l’entreprise, qui se veut également une «alternative aux géants du e-commerce», souhaite aider les producteurs locaux ou d’autres fournisseurs qui perdent leur capacité de distribution à cause de la crise sanitaire, en les intégrant à Aurore Market. La plateforme française d’e-commerce a déjà décidé par exemple de vendre et livrer une partie du stock de jouets responsables de l’enseigne «Artisans du monde», suite à la fermeture des marchés associatifs et de ses magasins. Un arrêt de l’activité liée à la décision du gouvernement de fermer les commerces dits «non essentiels».

«Dans ces temps, un peu particuliers, où il y a beaucoup de magasins, beaucoup de producteurs, qui n’ont pas de débouchés, on pense notamment à ceux qui travaillent avec la restauration, on essaie de proposer une alternative», conclut Roman Régis.
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