Le ministère des Armées a annoncé que les forces françaises avaient tué un haut responsable d’Al-Qaïda* au Mali. Dans un communiqué, Bah Ag Moussa est décrit comme «l’un des principaux chefs militaires djihadistes au Mali.»
La ministre, Florence Parly, précise que «d’importants moyens de renseignement» ont été engagés dans l’opération. Lesquels? Elle évoque aussi une «montée en puissance» des forces armées sahéliennes. Mais dans cette opération, ce sont quand même les forces françaises qui ont appuyé sur la gâchette. À quel moment la courroie de transmission entre les armées locales et l’armée française pourra-t-elle être enlevée?
Par ailleurs, quel pourrait être l’impact sur de telles opérations contre-terroristes françaises des promesses de Donald Trump de rapatrier les troupes américaines, présentes notamment en Irak et en Afghanistan?
Le général Dominique Trinquand, ancien chef de mission militaire auprès de l’Onu, spécialiste de la gestion de crise et des opérations de maintien de la paix, explique pourquoi l’appui français au Sahel persiste:
«Je pense que de même que les forces françaises ont besoin de l’appui d’autres armées, on parle des Américains, des Espagnols et des Britanniques, eh bien, c’est pareil: les forces du Sahel ont besoin d’un appui.
Avant d’avoir des drones armés, il va passer beaucoup d’eau sous les ponts –même s’il n’y a pas beaucoup d’eau dans cette région– avant que les armées du G5 Sahel ne disposent de drones armés, d’images satellitaires, de systèmes électroniques d’interception. Donc je pense qu’il va y avoir pendant un certain moment un accompagnement, un soutien.»
Quand serait-il temps pour la France et d’autres pays de quitter la région? Le général Trinquand explique les buts de guerre de l’Opération Barkhane et comment la situation sur place pourrait se débloquer:
«Les forces armées, en particulier Barkhane, sont là pour neutraliser les djihadistes et leur montrer qu’ils n’ont pas d’issue par les armes et que la seule issue qu’ils ont, c’est la négociation. Lorsqu’ils auront compris que ce n’est pas avec des Kalashnikov qu’ils régleront le problème ni en mettant des bombes sur les ponts et sur les trajets de bus, mais que c’est en négociant avec les gouvernements malien et du Niger, à ce moment-là, les forces armées auront rempli une grande partie de leur rôle.»
*Organisation terroriste interdite en Russie