Dans un entretien accordé au quotidien francophone El Watan, l’économiste algérien Mahfoud Kaoubi estime que, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, l’Algérie sera contrainte de recourir à l’endettement extérieur d’ici «18 mois dans le meilleur des cas» si la crise persiste. Selon lui, alors que la situation financière et économique du pays se complique de plus en plus depuis 2014, suite à la chute des prix du pétrole et la crise du Covid-19, les mesures contenues dans la loi de finances 2021 adoptée mardi 17 novembre par les députés sont en deçà de ce qu’exige la situation actuelle.
«Si la dégradation de la situation financière extérieure continue au même rythme que celui observé ces quatre dernières années, le recours au financement extérieur sera inéluctable dans 18 mois dans le meilleur des cas», affirme l’expert.
Dans le même sens, M.Kaoubi explique qu’à cette échéance l’économie de l’Algérie serait dans un tel état que «la question alors serait surtout: dans quelles conditions nous irons négocier des crédits, et ce, aussi bien en matière de montant, de délais ou de taux d’intérêts?»
Analyse des données
Depuis la chute des prix du pétrole en 2014, l’Algérie a enregistré annuellement des déficits dans le budget et dans la balance de paiement qui s’aggravent de plus en plus, affectant d’une manière significative le PIB du pays.
Par ailleurs, l’économiste ajoute que «le déficit de la balance des paiements annoncé pour 2021, selon les prévisions de la loi de finances 2021, […] de 3,6 milliards de dollars, soit -2,7% du PIB» est loin d’être réaliste.
En effet, partant du fait que ce même déficit a atteint les -14,2% du PIB pour l’année 2020, M.Kaoubi estime que vu «d’une part, le niveau incompressible de certains […] produits importés et leurs renchérissements sur le marché mondial et, d’autre part, un marché des hydrocarbures marqué par une compression de l’offre et une concurrence de plus en plus rude», réduire le déficit de la balance des paiements de 11,5%, en le faisant passer de -14,2% en 2020 à -2,7% en 2021, est une tâche difficilement réalisable.
Pour ce qui est de la contribution des autres produits exportables par les industriels algériens à la balance des payements, «un montant de cinq milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures est un objectif qui a de faibles chances d’être atteint», conclut l’économiste.