Évoquant «une semaine pleine de malentendus» dans le contexte des débats sur la proposition de loi relative à une sécurité globale, Christophe Castaner a décidé d’écrire aux journalistes «une déclaration d’amour peu usuelle» qui a été publiée dans le Journal du dimanche (JDD) dans la soirée du samedi 21 novembre.
Le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale a notamment assuré que l’article 24 sur la diffusion des visages des policiers n’avait pour but que de «mieux protéger les forces de l'ordre, sans jamais porter atteinte à la liberté d'informer».
«Chers journalistes, c'est notre éthique de défendre votre liberté d'informer. Nous refusons de vous confondre avec les bonimenteurs de haine, grands parleurs quand il s'agit d'appeler à la violence mais chatouilleux dès qu'ils sont mis face à leurs responsabilités», a-t-il insisté.
M.Castaner a fini sa tribune par une référence à la mort de Samuel Paty:
«À l'heure où l'on peut mourir pour un dessin, nous voulions vous dire, chers journalistes, que nous continuerons à défendre votre liberté d'écrire, de produire et de nous égratigner», conclut-il enfin.
Des journalistes ironisent
Les propos de l’ancien ministre de l’Intérieur ont suscité l’ire de journalistes qui lui ont rappelé les personnes mutilées pendant le mouvement des Gilets jaunes.
«Nous aussi, on vous aime. L’œil dans les yeux», a ironisé le journaliste Didier Maïsto sur Twitter.
Nous aussi on vous aime. L’œil dans les yeux. https://t.co/7p6xZIoFoK
— Didier Maïsto - MAÏSTO PROD (@DidierMaisto) November 22, 2020
Pour l’éditorialiste Alexis Poulin, il s’agit d’une lettre de la part d’«un éborgneur sans vergogne».
Une lettre qui commence par “chers journalistes” de la part d’un éborgneur sans vergogne.
— Alexis Poulin (@Poulin2012) November 21, 2020
Comme la loi sécurité, c’est direct à la poubelle. zou! https://t.co/FUCwbhM92y
De son côté, le journaliste de Mediapart Antton Rouget ne croit pas en la «sincérité» de la «lettre d’amour» qu’il a qualifiée de «ridicule». Il a accusé M.Castaner de ne pas avoir «bougé le petit doigt pour les journalistes victimes de policiers» ou lors de la tentative de perquisition dans les locaux du média dans le cadre de l’affaire Benalla.
Le même @CCastaner n'a pas bougé le petit doigt pour les journalistes victimes de policiers ou lors de la tentative de perquisition de @Mediapart dans l'affaire Benalla.
— Antton Rouget (@AnttonRouget) November 21, 2020
On mesure ainsi toute la sincérité qui transpire de sa «lettre d'amour» ridicule.https://t.co/KZk9wvDB5Q