85% des Français craignent «une explosion sociale»: «On n’est pas à l’abri d’une guerre civile»

© AFP 2023 ZAKARIA ABDELKAFILe restaurant Fouquet's incendié à Paris
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La France se dirige-t-elle vers une explosion sociale? C’est ce que pensent plus de huit Français sur dix, selon un récent sondage. La grande majorité des personnes interrogées sont inquiètes des conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire. Rien d’étonnant pour Philippe Pascot, écrivain et soutien des Gilets jaunes.

La France, terreau plus que jamais fertile pour voir germer les graines de la colère sociale? C’est en tout cas ce qu’estiment 85% des Français selon un sondage IFOP pour CNews et Sud Radio.

Il juge possible que «dans les prochains mois», la France connaisse «une explosion sociale». Parmi eux, 26% pensent que cela arrivera «certainement» et 59% «probablement». Ce qui n’a rien de surprenant pour Philippe Pascot, écrivain et soutien des Gilets jaunes, qui a confié ses craintes au micro de Sputnik:

«Je m’étonne qu’il ne soit pas plus haut!»

Sans surprise, les sympathisants du RN et de LFI sont les plus nombreux à envisager le chaos social dans l’Hexagone, avec respectivement 94 et 93%. Reste que les sympathisants LR sont également nombreux à le penser, à 84%. Même du côté de la gauche modérée, on est pessimiste quant à l’avenir de l’harmonie sociale française. Ainsi 79% des sympathisants PS, et 62% de ceux de LREM jugent également que la France pourrait connaître une explosion sociale dans un avenir proche.

​Il est intéressant de noter que ce score de 85% est supérieur à celui de janvier 2020 (72%), et surtout bien au-delà de celui de novembre 2018, au plus fort de la crise des Gilets jaunes (66%). Encore une fois, Philippe Pascot n’est pas surpris:

«Depuis la crise des Gilets jaunes, les coups de marteau sur le peuple se sont multipliés. Notamment cette calamiteuse gestion du Covid et ces deux confinements. Les Français sont de plus en plus exaspérés.»

La crise du Covid pèse évidemment sur le moral des personnes interrogées. Elles sont 90% à se dire inquiètes des conséquences économiques et sociales de la crise et 69% à l’être pour elles-mêmes et leur famille.

«L’exécutif aide Amazon»

Philippe Pascot a une pensée particulière pour les nombreux commerçants exaspérés qui ont été obligés de fermer boutique le 30 octobre. «Les seules entités aidées par le gouvernement sont les banques et les grands groupes. Par exemple, en fermant les librairies, l’exécutif aide Amazon. C’est un fait», lance l’auteur de Mensonges d’État (Éd. Max Milo).

«Et je ne parle pas des soi-disant prêts garantis par l’État à destination des commerçants en difficulté. Ils devront de toute façon rembourser aux banques prêteuses. Ce qui signifie plus d’endettement pour des individus dont les recettes sont au plus bas.»

L’écrivain fait ici référence à la mise en œuvre d’un «dispositif exceptionnel de garanties permettant de soutenir le financement bancaire des entreprises, à hauteur de 300 milliards d’euros», comme l’explique le gouvernement.

L’exécutif a mis beaucoup d’argent sur la table pour soutenir des secteurs entiers de l’économie française fortement impactés par les mesures sanitaires anti-Covid. Les finances publiques se sont fortement dégradées sous l’effet de la pandémie. La dette publique pourrait atteindre 120% du PIB en 2020 et devrait se creuser davantage l’année prochaine.

​Mais les efforts gouvernementaux semblent ne pas suffire, d’après le sondage IFOP pour CNews et Sud Radio. Les personnes interrogées sont seulement 45% à faire confiance au gouvernement pour «aider les entreprises en difficulté en raison du coronavirus». Un score en baisse par rapport à la fin du premier confinement, où ils étaient 52%.

«Il ne s’agit plus des Gilets jaunes, mais d’un peuple en colère. Les Gilets jaunes sont une frange d’un peuple qui est de plus en plus en souffrance et de plus en plus à bout. Le bateau France prend l’eau et le gouvernement colmate avec des rustines. Tout cet argent que l’on distribue n’importe comment à tour de bras, qui va le rembourser? Le peuple», avertit Philippe Pascot.

C’est en substance ce qu’a expliqué Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, le 19 novembre sur Europe 1: «Les Français qui nous écoutent sont contents d’avoir des dépenses publiques qui accompagnent cette situation douloureuse, mais ils savent aussi que c’est leur argent. Et c’est leurs enfants qui paieront demain.»

La loi «sécurité globale» au cœur des critiques

Philippe Pascot s’inquiète de la situation actuelle, qui pourrait selon lui conduire à une révolte aux conséquences dramatiques:

«Je crains que cela soit très violent. On n’est pas à l’abri d’une guerre civile.»

«La situation est telle que j’en viens à me demander si le gouvernement ne pousse pas au chaos dans le but de davantage assoir son État autoritaire et mieux réprimer. Il n’y a qu’à voir comment Macron cajole désormais l’armée», ajoute, accusateur, le soutien des Gilets jaunes.

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Ce dernier fait ici référence à la récente attitude du Président vis-à-vis de son armée. Après des débuts de relations très houleux, qui avaient notamment abouti à l’éviction en 2017 du général de Villiers, Chef d’État-major des Armées, l’entente est redevenue progressivement cordiale. Traditionnellement cible de Bercy lorsqu’il s’agit de faire des économies, le budget 2021 de la Défense a été sanctuarisé. Une décision forte en cette période de crise sanitaire. «39,2 milliards d’euros, c’est le deuxième budget de l’État. Avec un montant record de 22 milliards de dépenses pour investir dans la modernisation des équipements ou des infrastructures», soulignait Florence Parly, ministre des Armées, en septembre dans Le Parisien.

Philippe Pascot s’en prend également à la loi «sécurité globale», au centre de multiples polémiques. C’est notamment son article 24 qui pose problème. Dans l’état actuel du texte, il prévoit de pénaliser d’un an de prison et 45.000 euros d’amende la diffusion de «l’image du visage ou tout autre élément d’identification» d’un policier ou d’un gendarme en intervention lorsque celle-ci a pour but de porter «atteinte à son intégrité physique ou psychique». Ses détracteurs parlent d’une liberté d’informer en danger.

​Pourtant, une majorité des personnes interrogées par l’IFOP dit être favorable «au fait que, dans les médias, le visage des policiers ou gendarmes ne soit plus visible, mais désormais flouté.» Ce n’est pas du tout le cas de Philippe Pascot qui parle d’«une honte pour la démocratie et le pays des Droits de l’Homme»:

«Si nous pouvons flouter les policiers, nous pouvons flouter les manifestants alors que ces derniers peuvent être filmés par drone , photographiés par la police, etc. Je rappelle que l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait promis de généraliser le port de caméra piéton par les forces de l’ordre qui interviennent.»

Devant le tollé suscité par cet article, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a lâché du lest. Il doit présenter ce 20 novembre dans l’hémicycle une version amendée de l’article controversé. Elle précisera «que les dispositions envisagées ne feront nul obstacle à la liberté d’informer et que le délit créé par le texte visera uniquement le fait de diffuser des images dans le but qu’il soit manifestement porté atteinte à l’intégrité physique ou psychique» d’un policier, d’un militaire ou d’un gendarme, selon Matignon.

Pas de quoi satisfaire Philippe Pascot:

«Cette loi est une usine à bavures. C’est un bonheur pour les policiers sadiques.»
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