Une ONG d’origine britannique cible les banques françaises dans un nouveau rapport, les accusant de porter atteinte au climat mondial avec une «empreinte carbone colossale, qui représente près de huit fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière.»
Quel intérêt aurait Oxfam International –créée à Oxford en 1942, mais dont le siège se trouve maintenant à Nairobi, au Kenya– à mener une enquête sur l’impact climatique des grandes banques en France, et à conclure –en dépit de l’absence de tout calcul scientifique transparent–, que si «les six banques françaises continuaient à financer l’économie comme elles le font à ce jour, cela conduirait à un réchauffement de plus de 4 C° d’ici à 2100»?
Pourquoi cibler particulièrement les grandes banques françaises? Et pourquoi les attaquer sur l’angle du climat? Qui est exactement Oxfam International et sa campagne est-elle motivée par des objectifs moins avouables? Éric Dénécé, directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), n’accorde pas grand crédit à ce rapport:
«On est dans une forme d’acharnement thérapeutique, avec des arguments qui honnêtement prêtent à rire quand on voit leur caractère pseudo-scientifique, malgré les efforts qui ont été faits dans ce rapport pour essayer de les présenter comme quelque chose de rationnel.»
D’après Éric Dénécé, l’environnement n’est pas réellement au cœur des préoccupations des auteurs de ce rapport. En témoignent l’objet même du document et sa méthodologie:
«Si on pousse les choses à l’extrême, n’importe quelle activité humaine pollue… Pourquoi ne pas tenir compte de la taille de ces banques et de leurs activités les unes par rapport aux autres pour apporter une pondération? Pourquoi est-ce que le banques étrangères, ne seraient-ce que celles qui financent des activités en France, ne sont-elles pas prises en compte?»
Le directeur du CF2R répond au choix de cibler directement les banques:
«C’est sûr que l’argent est nécessaire pour conduire de grands projets industriels et d’aménagement du territoire, et tout ça ne peut pas se faire sans finances. Le fait de cibler les banques est astucieux, parce que c’est plus facile et plus simple que de cibler les projets eux-mêmes.»
Quel pourrait être l’objectif inavouable d’un tel rapport? Éric Dénécé estime que les ONG sont parfois bien moins innocentes qu’elles ne le laissent paraître:
«Ce sont aussi des outils d’influence, notamment pour un certain nombre de sphères dirigeantes anglaises ou américaines. Dans un rapport qui date d’avant les années 2000, on avait fait avec un autre chercheur un travail sur ce qu’on appelle l’intelligence humanitaire. C’est à dire comment l’action humanitaire était utilisée, soit pour la conquête des marchés en amont des entreprises, soit pour la déstabilisation de la concurrence.
Donc je regarde toujours l’action des ONG avec cette arrière-pensée en me disant, "En quoi sont-elles liées à la politique économique de leur pays? En quoi reçoivent-elles des fonds de telle ou telle entreprise?"»