Les dépenses publiques consenties par le Royaume-Uni pour lutter contre le Covid-19 ont parfois manqué de transparence, affirme un rapport du National Audit Office (NAO). L’organisme parlementaire s’est notamment penché sur les 18 milliards de livres (plus de 20 milliards d’euros) débloqués par le gouvernement britannique en début d’épidémie. Le rapport pointe du doigt une «documentation insuffisante» sur certains contrats et marchés publics, laissant planer un doute sur de possibles «conflits d’intérêts».
«Le manque de documentation adéquate signifie que nous ne pouvons pas garantir que le gouvernement a suffisamment atténué les risques accrus découlant des achats d'urgence, ou a appliqué les pratiques commerciales appropriées dans tous les cas», explique le rapport du NAO.
Ce manque d’informations ne peut que nuire à la «transparence publique», ajoute l’organisme, qui rappelle que les normes du secteur public doivent être respectées même en temps de «circonstances exceptionnelles», au risque de perdre la confiance de la population.
Peu d’appels d’offre
Le rapport indique que 10,5 milliards de livres (environ 11,2 milliards d’euros) ont été attribués directement, sans appels d’offre, en vertu des règles d’urgence introduites en mars. Une situation que le rapport justifie dans certains cas, notamment pour l’achat d’équipement de protection individuelle (EPI), le gouvernement ayant dû se procurer ces biens «rapidement sur un marché international hautement compétitif». Ces EPI représentent 80% des 8.600 contrats passés jusqu’au 31 juillet.
Le rapport pointe aussi du doigt des contrats «passés rétrospectivement» alors que les biens ou services avaient déjà été fournis.
Canaux prioritaires
Le National Audit Office indique encore que pour les canaux dits «hautement prioritaires», les fournisseurs étaient sélectionnés sur la recommandation des ministres, de certains membres du parlement et de la Chambre des Lords.
Environ 10% des fournisseurs passant ces canaux prioritaires ont obtenu des contrats, contre 1% des fournisseurs passant par les canaux ordinaires.
Julia Lopez, du Bureau du Cabinet, a réagi à la parution de ce rapport, déclarant que les contrats avaient été passés dans une «extrême urgence», mais que des «processus solides» avaient été mis en place pour dépenser les fonds publics.