Sénégal: l’armée française installe ses quartiers à l’aéroport international Blaise Diagne

© AFP 2024 SEYLLOUL'aéroport international Blaisse Diagne, au Sénégal
L'aéroport international Blaisse Diagne, au Sénégal - Sputnik Afrique
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L’Escale aéronautique des Éléments français au Sénégal, ouverte le 13 novembre dernier, n’est pas une base militaire proprement dite. Mais elle devrait permettre aux soldats français de disposer d’un point d’appui logistique et stratégique utile au regard de la situation qui prévaut en région ouest-africaine, notamment au Mali.

Les 400 militaires et civils qui constituent les Éléments français au Sénégal (EFS) ont désormais leur repaire à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD), à 40 km de Dakar. Il s’agit d’une escale aéronautique dont l’espace a été inauguré le 13 novembre dernier. Entamée depuis plusieurs mois, la migration des EFS de l’aéroport Léopold Sédar Senghor (LSS) vers la nouvelle plateforme sénégalaise satisfait à «des sollicitations exprimées par la France et auxquelles le Sénégal a répondu favorablement», indique une source militaire sénégalaise contactée par Sputnik et ayant souhaité garder l’anonymat.

Pour Paris, cette acquisition compense également sa cession aux forces américaines de la base aérienne de Ouakam, une commune située sur la côte ouest de la capitale.

«Avec la transformation de LSS en vrai aéroport militaire pour le Sénégal et vu que la totalité du trafic a été déroutée vers l’Aibd, les Français avaient urgemment besoin d’un nouvel espace pour continuer leurs opérations stratégiques et notamment en recherche-sauvetage. Mais les raisons géopolitiques restent déterminantes», précise la même source militaire.

Située non loin du pavillon présidentiel, l’Escale aéronautique des EFS dispose de son propre écosystème, dont un tarmac destiné à accueillir des aéronefs militaires français ou étrangers, un système de ravitaillement permanent des aéronefs, des lieux d’entreposage de matériel, des lieux d’approvisionnement, la possibilité de faire des réparations.

Un point d'appui logistique

«Elle peut aussi héberger des équipements et matériels militaires lourds arrivés par bâtiment au port de Dakar.» Sans être une véritable base militaire, l’Escale aéronautique est «un point d’appui logistique et stratégique» qui permettra aux militaires français de «se projeter assez rapidement vers d’autres pays de la sous-région» en cas de nécessité.

«N’oubliez pas que le Mali est tout proche. Les militaires de la force Barkhane y sont en nombre et peuvent être confrontés à des situations compliquées. Cette escale leur est donc très utile», explique l’officier.

La totalité de cette infrastructure a été réalisée par les Français eux-mêmes. Par exemple, le raccordement de l’escale aérienne militaire à l’aéroport international Blaise Diagne porte l’empreinte de 30 sapeurs de la 2e compagnie opérationnelle du 25e régiment du génie de l’air de Mont-de-Marsan, rapporte le site du ministère des Armées. Les travaux ont duré du 30 juillet au 14 décembre 2019.

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«Durant leur mandat, les sapeurs spécialisés du génie de l’air ont utilisé 2.800 m3 de latérite, 2.000 tonnes de grave, plus de 465 tonnes de grave-bitume, 955 tonnes de béton bitumineux aéronautique, 7 tonnes d’émulsion ainsi que 60 tonnes de gravier. Ce travail des sapeurs s’inscrit dans la manœuvre de maintien de la capacité stratégique d’accueil d’aéronefs militaires offerte par l’escale aéronautique de Dakar», peut-on lire sur le site de l’Armée française.

Importance internationale

Dans le contexte de superposition de crises d’intensités différentes qui surviennent en Afrique de l’Ouest, avec un besoin permanent de surveillance des déplacements de groupes terroristes ou criminels, l’Escale aéronautique française revêt une importance primordiale et pas seulement pour la France. Ainsi, rappelle à Sputnik une autre source militaire ayant requis l’anonymat, «lors de la guerre des Malouines d’avril à juin 1982 entre la Grande-Bretagne et l’Argentine, des avions militaires anglais décollaient depuis l’aéroport de Dakar» pour exécuter des opérations sur les lieux du conflit et revenir à la base.

Dans le domaine militaire, les relations entre le Sénégal et la France sont régies par le traité du 18 avril 2012 instituant un partenariat en matière de coopération militaire symbolisé par les EFS. Créés en août 2011, les Éléments français au Sénégal ont pris la place des Forces françaises du Cap-Vert (FFCV). 

«Les 400 Éléments français au Sénégal constituent, à Dakar, un pôle opérationnel de coopération (POC) à vocation régionale dont les principales missions consistent à assurer la défense et la sécurité des intérêts et des ressortissants français, appuyer nos déplacements opérationnels dans la région et contribuer à la coopération opérationnelle régionale. Les EFS disposent par ailleurs de la capacité d’accueillir, de soutenir, voire de commander une force interarmées projetée», explique le ministère des Armées français.

«Il est vrai que l’aéroport Senghor a encore son utilité si on prend en compte la position géographique et stratégique de Dakar. Mais l’avenir, c’est l’aéroport Blaise Diagne. C’est pourquoi l’armée sénégalaise y a aussi sa propre escale», renseigne la source anonyme militaire.

La cérémonie d’inauguration de cette «petite base militaire française», baptisée «Henri Lemaître» en hommage à l’illustre aviateur héros de la Première Guerre mondiale, s’est déroulée en présence du général d’armée Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’Armée de l’air française, du commandant des Éléments français au Sénégal Michel Delpit, du général de brigade Pape Sarr, chef d’état-major de l’Armée de l’air sénégalaise, et de plusieurs autres autorités des deux pays.

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