Engie a renoncé début novembre à un contrat de près de sept milliards de dollars (5,9 milliards d'euros) avec la société américaine NextDecade pour importer du gaz naturel liquéfié (GNL) sur une durée de 20 ans, a annoncé lundi 16 novembre Ecofi, la société de gestion du Groupe Crédit Coopératif.
«L’État français, premier actionnaire d’Engie avec plus de 23% du capital et 34% des droits de vote, a signifié son désaccord dans le cadre feutré du conseil d’administration, sur cet approvisionnement», précise François Lett, directeur du département éthique et solidaire chez Ecofi.
Et d’expliquer que le contrat reposait sur l’extraction de gaz de schiste par fracturation hydraulique, pratique interdite en France.
La réalisation de ce contrat serait «d’autant plus inacceptable que les pouvoirs publics se sont engagés à ne plus apporter de garanties publiques de crédit sur des projets de gaz ou de pétrole de schiste» et à atteindre un objectif de neutralité carbone en 2050 conformément à l’accord de Paris.
Cela signifie diviser par six les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire français par rapport à 1990, selon le site du ministère de la Transition écologique.
«Avec cet accord, la France aurait également basculé au premier rang des importateurs européens de gaz de schiste, juste devant l’Espagne. Par ailleurs, les fuites de méthane, gaz à effet de serre dont le potentiel de contribution au réchauffement climatique est estimé à plus de 80 fois celui du dioxyde de carbone (CO2), sont également très courantes sur les sites américains», note M.Lett.
Déçus, des parlementaires US s’adressent à Macron
Le groupe américain NextDecade tenait beaucoup à ce contrat, qui aurait permis de financer en grande partie le terminal de gaz naturel liquéfié de Rio Grande au Texas.
Selon Ecofi, après la rupture des négociations, une vingtaine de parlementaires américains républicains ont écrit à Emmanuel Macron. Ils ont dénoncé l’intervention de l’État français dans ce dossier et ont demandé que la France privilégie les achats de gaz américain plutôt que celui vendu par la Russie.