Interdiction des activités nautiques: pour un médecin, «on est entré dans la spirale de la contrainte»

© Photo Pixabay / Free-PhotosUn surfeur, image d'illustration
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Au grand dam des baigneurs et surfeurs, toutes les activités nautiques sont interdites depuis l’entrée en vigueur du second confinement. Seules les personnes disposant d’une prescription médicale peuvent profiter des vagues. Sputnik a rencontré un médecin qui milite pour donner la possibilité aux amoureux de la mer de piquer une tête.
«Le surf procure tellement de bienfaits au niveau physique et psychologique que sur la côte basque, beaucoup de personnes se soignent avec cela.»

Guillaume Barucq, médecin et conseiller municipal à Biarritz, regrette au micro de Sputnik qu’il ne soit actuellement plus possible d’être sur une plage que «pour marcher». «On ne peut pas y surfer ni s’assoir pour prendre le soleil. C’est un peu problématique», déplore-t-il.

En effet, les habitants peuvent, sous réserve de vivre dans un périmètre d’un kilomètre, se promener sur les plages et marcher dans l’eau. Les activités nautiques comme le surf ou la baignade sont dorénavant proscrites depuis un arrêté préfectoral pris le 29 octobre dernier.

Probabilité nulle d’être contaminé sur la plage

Une décision que ne comprend pas le docteur Barucq. Il dénonce le fait que l’on soit «entré dans une spirale de la contrainte et des réglementations finalement liberticides». Comme l’explique le médecin, le virus «se transmet beaucoup moins en extérieur qu’en intérieur», car les milieux clos sont moins bien ventilés. Guillaume Barucq considère d’ailleurs que la probabilité d’être contaminé sur une plage est nulle.

«Tous les maires de la côte basque ont demandé la réouverture des activités nautiques, ce que le préfet a refusé. […] Si on est dans un système tellement centralisé que le maire d’une ville comme Biarritz ne peut même plus avoir la liberté d’ouvrir ses plages, c’est qu’il y a un problème. […] Il faut refaire confiance aux élus locaux», juge-t-il.

Malgré l’interdiction des activités nautiques, certains surfeurs bretons ont cependant pu prendre les vagues. Un gendarme présent sur les lieux a expliqué à Ouest-France que ceux-ci disposaient d’«un certificat médical de leur médecin précisant que la pratique d’un sport nautique leur est nécessaire pendant le confinement pour conserver un bon équilibre psychologique

Du sport sur ordonnance

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Une possibilité dont n’avait pas bénéficié une nonagénaire originaire de Biarritz, qui s’était vue dans un premier temps interdire la baignade. Suite à ce début de polémique, Roxana Marcineanu, ministre des Sports, a tenu à clarifier les choses dans une interview donnée à France 3: seules les personnes fragiles, notamment atteintes de cancer ou de maladies chroniques, ainsi que les personnes en situation de handicap peuvent faire une activité physique adaptée sur ordonnance. En outre, la ministre a également prévenu qu’il «ne s’agit absolument pas de faire des prescriptions médicales qui iraient au-delà pour permettre à d’autres personnes qui n’auraient pas ces problématiques d’aller pratiquer

Guillaume Barucq, qui est par ailleurs l’auteur des ouvrages Surf Thérapie (Éd. Surf prévention, 2014) et Detoxseafication (Éd. Surf prévention, 2018), souligne l’importance pour les patients de se baigner quotidiennement. Pour certains, «leur santé en dépend», surtout en cette période d’épidémie.

«Le confinement crée de la sédentarité et la sédentarité créée des facteurs de risque du Covid-19 […] J’estime qu’une bonne stratégie de prévention de cette maladie, c’est aussi d’y inclure l’activité physique et du sport sur ordonnance», détaille-t-il.

Le médecin confesse que de nombreux médecins ont été sollicités pour obtenir ce type d’ordonnance.

Le confinement à l’origine de troubles mentaux

Il aimerait d’ailleurs que ces prescriptions médicales soient aussi délivrées aux personnes atteintes «de maladies cutanées telles que le psoriasis, et de maladies articulaires», mais aussi de «troubles psychiatriques».

«En ce moment, nous avons une épidémie de troubles psychiatriques, il y a beaucoup de syndromes dépressifs, de troubles anxieux», observe Guillaume Barucq.

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«Si on se retrouve face à une situation de détresse, dont la seule échappatoire est une prescription de sport sur ordonnance, je considère que l’on doit pouvoir offrir cette possibilité thérapeutique au patient», estime-t-il.

Des syndromes accentués par les mesures anti-coronavirus. Selon le conseiller municipal de Biarritz, le confinement crée des «inégalités majeures». D’une part, une inégalité en matière de logement, car «tout le monde n’a pas la chance» d’être confiné «dans une maison avec jardin ou dans un appartement avec une terrasse.» Et d’autre part, une inégalité par rapport au périmètre. «À Biarritz, quand vous avez la chance d’habiter en bord de mer, dans votre kilomètre, vous avez la plage. Les personnes qui habitent dans les quartiers ou les hauts de Biarritz se retrouvent, elles, à plus d’un kilomètre de la plage.»

«On a créé cette espèce de discrimination du kilomètre qui fait que des gens me disent: “dans mon kilomètre, il n’y a ni parc, ni jardin, ni plage, donc forcément je ne vais pas vivre le confinement pareil”.»

Le conseiller municipal plaide donc pour la possibilité de faire une activité physique en plein air et d’avoir accès à l’espace naturel le plus proche du domicile, même au-delà du périmètre autorisé. Pour Guillaume Barucq, il en va de la santé mentale des Français. «Si on n’assouplit pas certaines mesures, la soupape de sécurité va sauter chez un bon nombre de nos concitoyens», prévient-il.

Autant d’éléments qui font dire au médecin que le gouvernement doit revoir sa stratégie de lutte contre le coronavirus.

«Le confinement est une drogue dure, parce que cela peut avoir une certaine efficacité sur un moment, mais cela fragile la population psychologiquement et derrière, on sait qu’il va falloir reconfiner.»
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