Dans la nuit du 29 au 30 septembre 2017, un habitant d'un immeuble du XVIe arrondissement avait donné l'alerte après avoir découvert au rez-de chaussée, entre 3h et 4h du matin, quatre bonbonnes de gaz surmontées d'un dispositif de mise à feu électrique par téléphone, autour desquelles avait été versée beaucoup d'essence.
Pour une raison inconnue, trois appels n'avaient pas réussi à déclencher le dispositif.
Deux jours après, trois suspects avaient été interpellés avant d'être mis en examen et écroués: Amine A., son cousin Sami B., et Aymen B.
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis lundi qu'ils soient jugés devant une cour d'assises spéciale pour «tentative d'assassinat» et de «destruction de bien», en relation avec une entreprise terroriste, et «association de malfaiteurs terroriste criminelle», selon la source judiciaire.
Le choix de l’immeuble
Le Pnat demande aussi un procès pour une quatrième personne, pour un vol connexe à l'affaire.
Pourquoi cet immeuble d'une petite rue dans ce quartier aisé de la capitale a-t-il été visé ? «C'est la grande interrogation qui reste dans le dossier», souligne une source proche après trois ans d'enquête.
Le mode opératoire, et l'ADN d'Aymen B. relevé sur place, avaient mis les enquêteurs sur la piste du trio.
Cet homme de 31 ans né à Paris était fiché S depuis juillet 2016 «en raison d'un prosélytisme pro-Daech*», avait déclaré à l'époque le procureur François Molins.
Il était en contact avec Amine A., 32 ans, également fiché S. Ce natif des Ulis (Essonne) était connu pour avoir été en garde à vue en 2013 dans le dossier Forsane Alizza, groupuscule islamiste radical dissout en 2012 par les autorités.
Sami B., le cousin de 30 ans d'Aymen B., avait été arrêté en raison de leurs nombreux contacts téléphoniques et de matériel retrouvé à son domicile pouvant correspondre au dispositif.
«Mon client se dit innocent et maintient ses déclarations», a déclaré son avocate Daphné Pugliesi.
Cette attaque avortée avait eu lieu deux jours avant un attentat mortel au couteau devant la gare de Marseille, à quelques semaines de la fin de deux années d'état d'urgence lié à la vague d'attentats islamistes.
En septembre 2016, un commando de femmes téléguidé par Daech avait aussi échoué à faire exploser des bonbonnes dans une voiture près de la cathédrale Notre-Dame à Paris.
*Organisation terroriste interdite en Russie