Les Américains sont encore loin d’avoir tourné la page de leur dernière élection présidentielle. Estimant que des cas de fraude électorale ont eu lieu dans divers États, le Président sortant, Donald Trump, refuse toujours de concéder la victoire à son adversaire déclaré officieusement gagnant, le Démocrate Joe Biden. Les Républicains ont d’ailleurs lancé plusieurs actions en justice pour contester les résultats dans certains États clefs (Pennsylvanie, Michigan et Géorgie).
Contrairement à certains chefs d’État comme les Présidents russe et mexicain, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a choisi de reconnaître la victoire de Biden sans attendre le résultat des processus légaux de validation du vote et des procédures judiciaires pour fraude.
Trudeau confiant en la victoire de Biden: un calcul partisan?
M. Trudeau a été le premier chef d’État à s’entretenir avec Joe Biden après son discours de victoire.
«Je pense que les gens doivent être rassurés qu’il y a des experts et des processus intègres aux États-Unis qui font leur travail dans des conditions parfois difficiles. Et une fois que la déclaration a été faite clairement, comme elle a été faite en fin de semaine, nous pouvons être assez certains des résultats», a déclaré Trudeau pour justifier sa décision de reconnaître la victoire de Joe Biden.
Gestionnaire d’entreprises et analyste de politique américaine, Julie Lesage ne partage pas du tout la position de son Premier ministre fédéral. Canadienne habitant dorénavant la petite ville de Manvel, au sud de Houston, au Texas, elle estime qu’il est loin d’être impossible que des actes frauduleux aient été commis durant le scrutin. Elle se fie d’abord à sa propre expérience d’électrice, ayant aussi la nationalité américaine:
«C’était la première fois que les Américains votaient de cette façon. Il y a environ 500 lois qui ont été amendées depuis les dernières élections de mi-mandat en 2018 pour gérer la pandémie. La procédure électorale était partout différente de ce à quoi nous étions habitués. S’il y a eu de la fraude, elle est directement liée à cette situation. Certaines lois ont été passées une semaine seulement avant le vote», explique-t-elle en entrevue avec Sputnik.
Pour illustrer son point de vue, Julie Lesage confie à Sputnik qu’une boîte aux lettres de la ville de Manvel a été vandalisée alors qu’elle contenait les voix d’électeurs.
Le système électoral américain, celui d’une «république bananière»?
Un scénario qui, selon elle, a pu se reproduire à de multiples reprises à l’échelle du pays:
«Dans notre petite communauté, l’une de nos boîtes aux lettres a été sectionnée et vidée de son contenu par le dessous. […] Il y avait des votes à l’intérieur et c’est la raison pour laquelle les gens se sont beaucoup inquiétés. […] Par la suite, les gens étaient réticents à voter par la poste», relate l’analyste de politique américaine.
Depuis le scrutin du 3 novembre, le système électoral américain a été vertement critiqué par de nombreux observateurs.
Ce système a notamment été comparé à celui d’une «république de bananes» par divers chroniqueurs canadiens. Une pièce d’identité n’est même pas nécessaire pour voter dans plusieurs États comme la Californie, rappelle Julie Lesage en entrevue. Selon Élections Canada, organisme chargé du processus démocratique au Canada, près de la moitié des États américains «n’exigent pas des électeurs qu’ils fournissent une preuve d’identité pour voter en personne à l’aide d’un bulletin de vote ordinaire, le jour de l’élection».
Selon Julie Lesage, s’il est encore trop tôt pour parler de «fraudes électorales», il est clair que de nombreuses «irrégularités» ont pu être observées, en raison principalement des nouveaux mécanismes dus aux mesures sanitaires.
«Le gouverneur Républicain du Texas, Greg Abbott, a averti qu’il y avait eu de nombreux cas de fraude. […] Souvent, c’est que le système n’était pas au point, ce qui a permis à des gens de frauder», observe-t-elle.
Dans une autre perspective, Julie Lesage déplore que la couverture médiatique des élections et de ses suites soit aussi défavorable à Trump, ce qui contribuerait à nourrir encore davantage les tensions entre les deux camps. Rappelons que plusieurs grands médias comme MSNBC, NBC News et ABC News ont choisi d’interrompre la diffusion du discours de Donald Trump du 4 novembre à la Maison-Blanche, y voyant un tissu de mensonges concernant l’issue du vote.
«80% des médias américains étaient défavorables à Trump. […] Certains groupes sont prêts à tout pour avoir l’heure juste. Il faut aller au bout du processus de révision du vote», conclut Julie Lesage à notre micro.