Luigi Ventura, ambassadeur du Vatican entre 2009 et 2019 en France, voit son procès pour agressions sexuelles débuter ce mardi 10 novembre à Paris. Cinq hommes lui reprochent ces faits datés d’entre 2018 et 2019, pour lesquels il clame son innocence. La procédure a été rendue possible par la levée de son immunité diplomatique par le Vatican en juillet 2019, une première dans l’Histoire.
L’affaire a débuté avec la révélation d’un cadre municipal, qui signale auprès de sa hiérarchie des «mains aux fesses» appuyées et répétées par le nonce apostolique lors d’une cérémonie d’accueil de représentants diplomatiques en janvier 2019 à l’Hôtel de ville de Paris. Il portera plainte un mois plus tard.
Cette action a fait réagir un autre employé à la mairie qui avait subi les mêmes attouchements un an plus tôt lors de la même cérémonie, mais n’avait à l’époque pas souhaité agir pénalement. Il a lui aussi finalement porté plainte. En tout, cinq hommes ont dénoncé des faits semblables, dont quatre se sont portés partie civile lors de ce procès.
Un «procès historique»
«Aujourd'hui, mon client souhaite que le tribunal lui rende justice, mais surtout il souhaite dénoncer ces comportements d'abus dans des situations où les gens ne peuvent réagir car ils sont bloqués par le milieu professionnel», explique à BFM TV l’avocate de l’un d’eux. Une autre évoque un «procès historique» car c’est la première fois qu’un diplomate haut placé du Saint-Siège doit répondre devant la justice française.
Il nie les faits
Mgr Luigi Ventura, qui risque jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende, estime qu’il est innocent dans cette affaire et affirme que ses gestes ont été mal interprétés. «Mon client est très tactile. Il y a sûrement eu de la surinterprétation et justement, il serait bon que l'audience puisse arriver pour que la paix revienne dans tout cela», déclare son avocate, Me Solange Doumic.
Selon elle, le prélat italien a demandé lui-même que son immunité diplomatique soit levée afin de pouvoir s’expliquer au tribunal. Il a déjà fait l’objet d’une expertise psychologique et psychiatrique, lors desquelles une «déficience» a été constatée, indique BFM TV. Il ne sera pas présent lors du procès, son médecin ayant jugé que ce «n’était pas raisonnable». Il a démissionné de ses fonctions en décembre 2019, à 75 ans, pour «limite d’âge».
La partie civile juge également que ces faits ne sont que «la partie émergée de l’iceberg». «Il s’agit de faits qui se sont déroulés sur un an. […] Si on était allés plus loin, si on avait cherché avant ce qui avait pu se passer, même à l’étranger, ma conviction, c’est qu’on aurait découvert bien plus de victimes que ça», estime le conseil de l’une des victimes, Me Dousselin.