Grandes chaînes nationales, chaînes d’information en continu et radios étaient sur le pont toute la nuit en France pour suivre l’élection américaine. TF1, France 2, France 5, BFMTV, CNews, mais pas seulement, car les radios étaient également de la partie en direct telles que France Inter/France Info, RTL, Europe 1, RMC… et bien sûr Sputnik.
Caroline Roux, l’animatrice de C dans l’air, dont le plateau a été délocalisé à New York malgré la crise sanitaire, l’a expliqué à l’AFP, «c’est un scrutin qui peut changer la face du monde». Un constat confirmé par Thierry Thuillier, le patron de l’info de TF1: «il y a du suspense autour de ce choix, qui va fortement déterminer le cours de la planète dans les quatre prochaines années». Et du suspense, il y en a encore au moment où nous écrivons ces lignes: ce 4 novembre dans l’après-midi, Joe Biden et Donald Trump sont toujours au coude-à-coude dans la chasse aux grands électeurs pour remporter définitivement la course à la Maison-Blanche.
«Les États-Unis restent la principale puissance économique occidentale»
De nombreux médias, mais aussi certains politiques français, sont présents sur le sol américain pour assister à ce scrutin. Si Roland Lescure, député (LREM) des Français de l’étranger pour les États-Unis et le Canada, est resté à Paris, l’unique formation politique française à soutenir ouvertement Donald Trump, le Rassemblement national, est également le seul parti en France à avoir envoyé une délégation parlementaire aux États-Unis.
Le sénateur Stéphane Ravier, les eurodéputés Catherine Griset et Jérôme Rivière ont donc assisté lundi à l’un des derniers meetings de Donald Trump en Pennsylvanie, et ont suivi la soirée électorale à Washington avec des membres de l’équipe du Président sortant. Sputnik a interrogé Jérôme Rivière ce 4 novembre sur les raisons de cet intérêt pour ce scrutin:
«Les États-Unis restent la principale puissance économique occidentale, nous avons des liens économiques et culturels extrêmement étroits avec les États-Unis. Ce n’est pas nouveau, tous les quatre ans, depuis 10 ans, on la regarde avec attention.»
S’afficher aux côtés des Républicains est une stratégie assumée pour le Rassemblement national, dont la vocation est de devenir «un parti de gouvernement». Cela passe donc par entretenir des «relations et comprendre le fonctionnement de ses principaux alliés et les principaux pays avec lesquels on fonctionne.» Très confiant en la victoire de son candidat préféré malgré les scores très serrés, Jérôme Rivière juge qu’assister à cette élection est donc «indispensable pour mieux comprendre et préparer notre arrivée au pouvoir en 2022». Si ces quatre dernières années, la relation transatlantique a parfois été mouvementée, l’eurodéputé évalue positivement l’action de Donald Trump dans le monde depuis 2016:
«Le Président Donald Trump est le seul Président depuis Eisenhower à ne pas engager son pays hors de ses frontières. Il n’est pas un Président qui veut faire de l’Amérique le gendarme du monde, c’est quelque chose qui change la relation que l’on peut avoir avec les États-Unis.»
C’est dans ce cadre que Jérôme Rivière salue la modification en profondeur du paysage politique américain, estimant que «l’épisode Trump Président n’est pas une simple parenthèse». Avec «l’émergence d’un véritable vote populaire et patriote», ce dernier insiste sur «la réémergence des nations que l’on observe avec cette élection américaine.»
Souverainisme: «Donald Trump a fait évoluer les choses»
Adoptant un ton souverainiste, l’eurodéputé considère qu’il est temps que les nations prennent leurs responsabilités sur la crise sanitaire, la Défense, l’économie et la relocalisation des emplois.
📹 « Quand @realDonaldTrump dit "L'Amérique d'abord", @MLP_officiel dit "La France 🇫🇷 d'abord !". Nous voulons que notre pays soit une puissance d'équilibre : Russie 🇷🇺 ou Etats-Unis 🇺🇸, nous ne voulons être les valets de personne ! » @BFMTV #ElectionNight #ElectionDay ⤵️ pic.twitter.com/D1srJ7bgiG
— Jerome Riviere (@jerome_riviere) November 4, 2020
Et celui-ci aborde la question de l’Otan, notamment sur la question du financement de l’organisation et de la part de budget de chaque État membre consacre à la Défense:
«Que ce soit la France –qui dispose de l’arme nucléaire et qui a une position particulière en matière de Défense– ou l’Allemagne, qui s’est toujours inscrite dans une logique de ne rien dépenser en matière de Défense parce que leur Défense était assurée par les États-Unis, Donald Trump a fait évoluer les choses. Ce sera toujours plus difficile pour l’Allemagne, maintenant, de rester dans cette posture qui est de freiner économiquement dès qu’ils peuvent sans participer à leurs efforts de Défense.»
L’isolationnisme relatif de Donald Trump aurait-il forcé les Européens à prendre leur destin en main? C’est ce que croit l’eurodéputé, rejoignant en partie les déclarations de Clément Beaune, secrétaire d’État français aux Affaires européennes, qui, sur le plateau de France 2 ce 3 novembre, constatait cette tendance «à beaucoup se tourner vers Washington pour savoir ce qu’il va se passer et si ça va changer notre futur».
#USElection2020 | « On doit s’habituer en tant qu’Européens à décider pour nous-mêmes. » 🇪🇺🇫🇷
— Clement Beaune (@CBeaune) November 3, 2020
@France2tv @JulianBugier @ThierryBreton pic.twitter.com/54LgtcyNwU
Ce dernier a donc appelé «à s’habituer en tant qu’Européens à décider pour nous-mêmes, sur le plan commercial et sur le plan technologique.»
«C’est un aveu de l'échec de cette société mondialisée que le gouvernement d'Emmanuel Macron avait à cœur», tacle Jérôme Rivière
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, y est allé plus franco sur Radio Classique, affirmant que ce scrutin «ne changera pas grand-chose pour nos intérêts commerciaux» et que «les États-Unis ne sont plus un partenaire amical des Européens depuis de nombreuses années», évoquant les sanctions qui frappent l’Europe et la France.