L’information a été rendue publique par la télévision nationale le vendredi 23 octobre. La douane camerounaise a saisi 118 défenses d'éléphant, l’équivalent de 59 pachydermes tués, à Ambam, dans le sud du pays, haut lieu du trafic d'ivoire près de la frontière avec le Gabon et la Guinée équatoriale. Selon les autorités douanières, avec près de 675 kilos récupérés, «cette saisie est, en quantité, la plus importante au Cameroun depuis cinq ans».
118 défenses d’éléphant saisies au Cameroun | JDM https://t.co/65SnglSTI4
— Michel Guenette (@MichelGuenette3) October 23, 2020
L'ivoire en provenance du Gabon était caché dans une camionnette qui transportait également du bois. Les quatre trafiquants présumés –trois Camerounais et un Gabonais– ont été interpellés pendant qu’ils convoyaient la cargaison. Selon la douane camerounaise, ces défenses devaient ensuite faire route vers l'Asie. En effet, si le commerce illégal d'ivoire reste encore très actif, c’est parce qu’il est alimenté par une forte demande, du Moyen-Orient et d'ailleurs en Asie.
Les défenses d'éléphant y sont utilisées dans la médecine traditionnelle et en ornementation, malgré un moratoire sur son commerce international décidé en 1989. Un trafic qui menace de faire disparaître les pachydermes. L’incident n’a pas manqué de faire réagir les internautes, du Cameroun comme du Gabon.
#Gabon 118 pointes d'ivoire équivalente à 59 éléphants viennent d'être saisie par les éléments de la douane d'ambam (#Cameroun) en provenance du Gabon.@OssoukaRaponda @GouvGabon @LeeWhiteCBE @JosephAnpn démissionnez! honte à vous!@onamarc @WWFGabon @UNEP_Francais @GMTme_ @AFP pic.twitter.com/fTglPTWUbC
— Târa OBOLO (@Hamzacapslav) October 23, 2020
Un internaute interpelle de hauts responsables gabonais après cet incident.
A man from Gabon was caught today in Ambam(South Region) with 118 elephant tusks.
— Beta Tinz🇨🇲 (@beta_tinz) October 22, 2020
For him to have obtained this amount of tusks, that means he killed 59 elephants😔
He was on his way out of the country when the police apprehended him
See the tusks👇 pic.twitter.com/qY92ljnwF8
«Pour avoir ce nombre de défenses, l’homme (le braconnier) a dû tuer 59 éléphants», se désole ce Camerounais.
Le Gabon, pays d'Afrique centrale, héberge près de 60% des éléphants de forêt (plus petits que les éléphants dits de savane) qui subsistent en Afrique. Ils sont toutefois menacés d’extinction du fait du braconnage. En 2017, une étude a révélé que cette espèce avait perdu en dix ans 80 % de sa population du fait de cette pratique dans le vaste parc national de Minkébé.
À cause du braconnage, le Cameroun a lui aussi vu s’éteindre en dix ans 70% de son cheptel. Dans un entretien accordé à Sputnik en septembre 2019, Clotilde Ngomba, directrice nationale du Fonds mondial pour la nature (WWF) au Cameroun, alertait sur la nécessité de préserver cette espèce en voie d’extinction dans le pays.
«Le braconnage pour l'ivoire est la principale cause de ce déclin drastique des populations d'éléphants», avait-elle souligné.
Une espèce menacée par le changement climatique
Le WWF exhorte également les dirigeants du Cameroun à renforcer de toute urgence la législation contre le braconnage en fédérant les efforts et intensifiant la surveillance et les mesures d'application de la loi dans et autour des aires protégées transfrontalières.
Regardez l'intégralité du message du ministre @LeeJTWHITE sur l’étude portant sur l'impact du changement climatique dans les forêts tropicales🌳 d'#Afrique Centrale et la menace qui pèse sur les populations d'éléphants 🐘👇🏼@Parcs_Gabon #ClimateAction https://t.co/nM7PLibeZw
— Ministère des Eaux et Forêts (@ForetmerGOUVGA) October 24, 2020
Contrairement à leurs cousins des savanes, les éléphants des forêts, que l’on retrouve dans les zones tropicales d’Afrique centrale, se reproduisent à un âge avancé. Les gestations sont par ailleurs relativement espacées, ce qui est aussi un élément favorisant la diminution de leur population, d’après une enquête publiée en 2016 dans la revue spécialisée Journal of applied ecology.
Mais le braconnage n’est pas l’unique menace qui plane sur cette espèce. D’après un rapport publié le 24 septembre 2020 dans la revue britannique Science, la quantité de fruits dont se nourrissent les éléphants de forêts a chuté de 81% en l’espace de 30 ans dans le parc national de la Lopé au Gabon. Cette privation de nourriture liée au changement rapide des conditions climatiques a entraîné à partir de 2008 une perte de poids de l’ordre de 10% chez ces pachydermes. Un autre phénomène qui met à mal la survie de l’espèce dans la sous-région.