À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle? Après le choc de la décapitation de Samuel Paty, une partie de la droite prône un désengagement de la France de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), ou du moins de certains articles jugés trop contraignants, notamment pour réguler l’immigration.
«Si l’État de droit ne protège plus le peuple, il faut changer l’État de droit»
Une proposition qui figurait déjà dans le programme du RN lors des dernières élections européennes de 2019 et que détaille pour Sputnik Jean Messiha, chargé des études et des argumentaires du parti. «L’État de droit est aujourd’hui constitué en France par la CEDH et par la jurisprudence du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel», explique-t-il.
«On assiste depuis une dizaine d’années à un État de droit qui se construit sans le peuple et sans la nation, et qui consiste à protéger la terre entière à l’exception des Français eux-mêmes!», fustige Jean Messiha au micro de Sputnik.
Or, pour le haut fonctionnaire, «le droit n’est qu’un moyen et ne saurait être une fin». «À partir du moment où la fin de l’État de droit n’est plus de protéger le peuple, dont il est l’incarnation, c’est qu’il faut changer l’État de droit.»
«Certains recours de la CEDH nous empêchent d’être souverains»
Interrogé par Sputnik, Julien Aubert confirme cette prise de position. Le député du Vaucluse regrette notamment qu’on ne puisse pas «expulser un terroriste algérien vers l’Algérie, car il est menacé de mort dans son pays, par exemple.»
«On pourrait décider de sortir certains domaines régaliens de la compétence de la CEDH, notamment en ce qui concerne les sujets de terrorisme et d’immigration, car certains recours nous empêchent d’être souverains», lance Julien Aubert au micro de Sputnik.
Jean Messiha rejoint Julien Aubert sur ce point: «Les déboutés du droit d’asile bénéficient de tout un tas de protections de la part de la CEDH qui empêchent les expulsions, comme l’accord préalable de la personne pour monter dans un avion.»
«Reconnaissance implicite du blasphème»
«Cela montre que la CEDH voudrait nous imposer une manière de faire», dénonce Julien Aubert: «La CEDH est aux mains d’une gauche libérale et sans-frontiériste qui dispose d’un outil juridique très large qu’elle utilise à son profit. Ces organes ne sont en réalité représentatifs de personne, car à aucun moment cela ne recoupe la volonté des peuples.»
Jean Messiha va même plus loin et considère que cet arrêté marque la «reconnaissance implicite du blasphème», lequel serait «spécifique pour l’islam». Pour le délégué national du RN, la CEDH ne serait même plus dans une forme d’«idéologie multiculturelle visant à aménager les susceptibilités» comme autrefois, mais bien dans une «forme de soumission».
«Quelle religion autre que l’islam menace aujourd’hui la paix religieuse? […] Il est facile de dire que l’islam est compatible avec la République française si celle-ci se rend elle-même compatible avec l’islam en lui accordant une telle spécificité!» conclut Jean Messiha.