Tariq Ramadan, déjà poursuivi pour viols sur quatre femmes, a été de nouveau mis en examen jeudi, cette fois pour plusieurs viols en 2013 et 2014 dénoncés par l'une de ses premières accusatrices, Mounia Rabbouj, a appris l'AFP auprès des avocats de l'islamologue.
«Il n'y aucun élément nouveau» dans l'enquête depuis deux ans, «c'est une mise en examen de pure forme pour pouvoir organiser prochainement la confrontation», ont commenté les avocats de la défense, Mes Nabila Asmane, Ouadie El Hamamouchi et Philippe Ohayon, à la sortie de l'interrogatoire au tribunal de Paris.
«Ce n'est pas la parole de Tariq Ramadan contre celle de cette femme, c'est cette femme contre ses propres mensonges graves et concordants», ont-ils ajouté.
Pour l'avocat de la plaignante, «c'est évidemment une satisfaction» et un «tournant fort». «Les investigations ont démontré combien la parole de ma cliente était aussi fiable que constante», a réagi Me Éric Morain.
«Le code de procédure pénale ne connaît pas les mises en examen de pure forme: seuls des indices graves et concordants, que les juges ont aujourd'hui pleinement constatés», a-t-il rétorqué.
Le témoignage de Mounia Rabbouj, connue pour avoir été protagoniste du procès pour proxénétisme dit du Carlton, aux côtés de l'ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, a joué un rôle important dans l'affaire.
Cette femme de 47 ans avait porté plainte en mars 2018 contre l'intellectuel musulman, l'accusant de l'avoir violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014.
Tariq Ramadan, 58 ans, était alors emprisonné depuis sa mise en examen le 2 février 2018 pour les viols dénoncés par deux premières accusatrices.
Contraint par le récit de Mounia Rabbouj, l'islamologue avait admis, le 5 juin 2018, des relations adultères avec cette femme et d'anciennes maîtresses ayant témoigné.
Il avait déposé plus de 300 vidéos et plus de 1.000 photos pour convaincre les juges qu'il s'agissait d'une relation consentie, et les magistrats ne l'avaient alors pas mis en examen.
Son contrôle judiciaire a été récemment allégé, avec un pointage deux fois par mois au commissariat, et l'autorisation de déférer aux convocations de la justice suisse. Une procédure pour viol, parallèle à la procédure française, est ouverte à Genève depuis 2018.