Trois semaines après l’attentat perpétré par un jeune Pakistanais qui a fait deux blessés graves devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, la France est de nouveau frappée par la terreur islamiste. Le corps d’un professeur d’histoire de 47 ans, Samuel Paty, a ainsi été retrouvé par la police municipale de Conflans-Sainte-Honorine, une petite commune des Yvelines. Ce dernier a été décapité par un jeune musulman de 18 ans d’origine tchétchène, Abdoulakh A.. Le terroriste a été abattu par la Brigade anticriminalité (BAC) dans la ville voisine d’Eragny, dans le Val d’Oise.
«Des exigences exorbitantes qui se banalisent»
Samuel Paty était depuis plusieurs jours l’objet d’une vive controverse au sein de son collège, après avoir montré à ses élèves de 4e des caricatures de Mahomet (dont l’une le représentant nu) dans le cadre d’un cours sur la laïcité et la liberté d’expression. Dans une vidéo postée sur Facebook le 8 octobre, un parent d’élève, Brahim Chnina – actuellement en garde à vue-, traitait ainsi le professeur de «voyou» et appelait les autres parents d’élèves à contacter le CCIF pour le faire «exclure». Dans un autre message daté du 7 octobre, il reprochait à Samuel Paty d’avoir participé à la «marche de Charlie Hebdo». Il réclamait la démission du professeur.
L’horreur renverse et paralyse. Le deuil devrait imposer le silence. Alors que certains veulent déjà récupérer cet acte sidérant à des fins racistes, personne n’empêchera la conscience humaine de prendre le temps de la douleur et de la tristesse. #Conflans
— CCIF (@ccif) October 16, 2020
Contactée par Sputnik, l’essayiste Fatiha Agag-Boudjahlat, auteur notamment de Le grand détournement (éd. du Cerf), un essai dans lequel elle fustige l’islamisme et le communautarisme, se dit «furieuse» et «désespérée» au lendemain de cet attentat.
Si elle salue «l’empathie» du professeur, qui avait donné la possibilité aux élèves qui le souhaitaient de ne pas regarder les illustrations s’ils craignaient de se sentir heurtés, elle considère toutefois qu’il n’aurait «pas dû prendre en considération les exigences» des religieux sur ce sujet. Professeur d’histoire elle aussi, elle rappelle que le cours sur la liberté d’expression est «au programme de la scolarité».
«Cela montre néanmoins une chose: plus vous vous adaptez aux exigences des religieux, plus vous les confortez dans leur orthodoxie, et leurs exigences se multiplient. [...] Seule la fermeté paie avec ces gens-là. Nous sommes face à des exigences exorbitantes qui se banalisent.»
Europe 1 révélait néanmoins que la fille de Brahim Chnina n’était en réalité même pas élève de Samuel Paty. Elle n’était pas en classe ce jour-là.
D’anciens élèves de l’enseignant ont témoigné au micro de Sputnik, le soir même de l’attentat. Ils décrivent quant à eux un professeur calme et «bienveillant», qui n’avait pas «la volonté de blesser les élèves musulmans.»
#SputnikVidéo | Virginie et Myriam, anciennes élèves de l’enseignant tué à Conflans-Sainte-Honorine, parlent de leur réaction aux caricatures qu’il montrait, selon elles, chaque annéehttps://t.co/pfrlz5tydc pic.twitter.com/x7BKApIy2g
— Sputnik France (@sputnik_fr) October 16, 2020
Brahim Chnina avait même porté plainte pour «diffusion d'images pornographiques» car on voyait le prophète nu sur une de ces caricatures. Le professeur avait, quelques jours plus tard, porté plainte à son tour pour «diffamation publique», d’après BFM TV. D’après le procureur antiterroriste de la République, Jean-François Ricard, «la demi-soeur de cet homme avait rejoint l'organisation État islamique en 2014 en Syrie et elle fait, à ce titre, l'objet d'un mandat de recherche par un juge d'instruction antiterroriste».
«Cela fait bien longtemps que l’islamisme a pénétré l’école et que tout cela s’est normalisé. Aujourd’hui, n’importe quel musulman exige qu’on s’adapte à sa croyance, c’est-à-dire qu’on ne peut ni se moquer ni critiquer Mahomet», souligne Fatiha Agag-Boudjahlat au micro de Sputnik.
L’enquête doit désormais établir dans quelle mesure ce qu’il faut bien qualifier de cabale à l’encontre de Samuel Paty est liée à son assassinat. D’après Jean-François Ricard toujours, l’assaillant était porteur d'un «titre de séjour délivré le 4 mars dernier et validé jusqu'en mars 2030». Il demeurait à Évreux et bénéficiait du «statut de réfugié».
Le terroriste «a sollicité des élèves pour qu'ils lui désignent la victime»
Avant d'attaquer le professeur, le jeune Tchétchène «a sollicité des élèves pour qu'ils lui désignent la victime», a ajouté le procureur antiterroriste.
D’après Causeur, l’homme qui aurait poussé la fille de Brahim Chnina à témoigner n’est autre que Abdelhakim Sefrioui, «un islamiste qui sévit sur le territoire français depuis les années 80, connu pour son soutien au Hamas et membre du Conseil des imams de France». Celui-ci est également gardé à vue et entendu par les policiers concernant sa possible implication dans l’attentat.
Une position victimaire et un climat d’endoctrinement des plus jeunes que dénonce avec vigueur Fatiha Agag-Boudjahlat:
«Ceux qui disent que la France organise une “chasse aux musulmans”, ce qui n’est absolument pas le cas, libres à eux de partir, les frontières sont ouvertes! Il y a des pays qui correspondent à ces exigences».
Sur place hier soir, Emmanuel Macron a assuré que la Nation ferait bloc contre «l'obscurantisme» pour «protéger et défendre» les enseignants. «Tous et toutes, nous ferons bloc. Ils ne passeront pas. L'obscurantisme et la violence qui l'accompagne ne gagneront pas. Ils ne nous diviseront pas. C'est ce qu'ils cherchent et nous devons nous tenir tous ensemble», a ajouté le chef de l'État.
Fatiha Agag-Boudjahlat fait malgré tout part de ses doutes sur la capacité du pays à éradiquer la menace islamiste. Avec ce nouvel attentat, «l’islamisme se banalise et devient la nouvelle norme», souligne l’essayiste.
«Les seuls qui tuent dans ce pays sont les islamistes. Ce ne sont pas les évangélistes ou les bouddhistes. La générosité n’incite jamais à la modération. Cela ne fait que renforcer les leaders communautaires dans leur volonté de séparation et de conquête.»