Pour l’une de ses premières décisions, la Première ministre togolaise Victoire Tomégah-Dogbé a demandé aux ministres membres de son gouvernement, aux présidents des institutions de la République et aux directeurs des sociétés d’État de «s’approvisionner en priorité, dans le cadre de leurs services, en produits et services d’origine locale, et à privilégier la consommation de mets togolais» dans toutes leurs activités et cérémonies officielles.
La Première ministre a pris cette mesure, indique la circulaire, pour valoriser les biens, produits et services locaux en vue d’en promouvoir la consommation par les citoyens. La décision a été aussitôt suivie d’une visite du ministre togolais du Commerce dans plusieurs entreprises nationales de production de biens et services pour les encourager à produire en qualité et en quantité suffisante pour répondre efficacement au défi du gouvernement.
Une initiative qui ne fait pas l’unanimité
«En prenant cette décision, la Première ministre togolaise est en train de placer la charrue avant les bœufs», juge Emmanuel Sogadji, président de la Ligue togolaise des consommateurs interrogé par Sputnik.
Pour lui, le gouvernement doit plutôt et d’abord «mettre en place les instruments juridiques ainsi que de véritables programmes d’accompagnement et d’intériorisation du principe» avant de poursuivre la bataille sur le plan stratégique.
«Pour nous, à tous les niveaux de la chaîne des acteurs du local, il faudra un accompagnement subséquent avant d’attendre un résultat concluant. J’entends par accompagnement des mesures et des subventions pour espérer que les productions répondent en qualité et en quantité à la demande d’un marché plutôt exigeant», a déclaré Emmanuel Sogadji.
Le défi de produire en quantité et en qualité
Plutôt une très bonne nouvelle, contredit Tata Amétoégninou, expert en démarche qualité et président de l’Organisation pour l’alimentation et le développement local - Oadel, qui se réclame proche des producteurs.
«L’État togolais ne peut pas continuer à s’endetter auprès des institutions financières internationales pour le financement de son agriculture et ne pas être lui-même, au moment de la consommation, le premier consommateur des produits issus de cette agriculture. Ce n’était pas cohérent et cela a trop duré!», a-t-il lancé.
Cet expert, qui accompagne aussi les entreprises togolaises dans leur démarche qualité, assure que des sociétés locales sont en train de s’illustrer sur les marchés nationaux et même internationaux avec de «meilleurs emballages et un packaging de plus en plus attractif». «Nous certifions en tenant compte des bonnes pratiques de fabrication, de transformation et d’hygiène avec une vérification de l’Institut national de recherche agronomique qui assure les tests physico-chimiques et l’Institut national d’hygiène pour les tests biochimiques», a-t-il ajouté.
L’expert n’écarte pourtant pas que la circulaire du gouvernement présente un vrai défi pour les entreprises qui doivent, précise-t-il, avec la demande qui va grimper, recruter du personnel et produire en quantité pour satisfaire le nouveau marché qui leur est ouvert.