«C’est la catastrophe, le coup de massue. Et on en a déjà reçu pas mal depuis le mois de mars…»
Au micro de Sputnik, Cathy, propriétaire d’un restaurant dans le XIe arrondissement de Paris, ne peut cacher son désarroi face au durcissement des mesures anti-coronavirus. Dans son allocution télévisée du 14 octobre, Emmanuel Macron a annoncé l’instauration d’un couvre-feu de 21h et 6h afin d’endiguer la propagation du virus. Un dispositif qui entrera en vigueur le vendredi 16 octobre à minuit, pour une durée d’au moins quatre semaines. Cette mesure concernera Paris et sa région où, comme le note l’exécutif, «le virus circule très activement», ainsi que les métropoles de Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Étienne.
«L’incompréhension totale» pour Cathy: «C’est extrêmement compliqué, douloureux et injuste», se désole-t-elle. «Nous fermer à 21h, c’est programmer notre mort. La plupart de nos établissements font 70% de leur chiffre d’affaires le soir. Le midi, notre activité a extrêmement baissé à cause de l’instauration du télétravail et du manque de touristes», déplore la restauratrice.
Une position que partage Roland Héguy de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH).
Un secteur déjà dévasté
«L’addition, c’est encore pour nous», lance le syndicaliste. Sur le site spécialisé L’Hôtellerie-restauration, le président de l’UMIH réagit: «Cette annonce est catastrophique économiquement et socialement pour nos professionnels mais aussi pour d’autres secteurs».
En conférence de presse ce jeudi 15 octobre, Jean Castex a précisé les modalités du couvre-feu et indiqué que les restaurants qui livrent à domicile échapperont à la fermeture anticipée. Suffisant pour survivre? Rien n’est moins sûr: «Lorsque l’on ouvre une affaire, on emprunte, on n’a pas des financiers derrière nous. Demain si on coule, on paiera toute notre vie pour rembourser», redoute Cathy.
«On va devoir travailler en équipe réduite. On ne se paie pas depuis le mois de mars, on va continuer à travailler en essayant de sauver ce qu’on peut sauver pour avoir de quoi payer notre loyer.»
D’autant que d’autres charges comme «l’électricité, nos assurances, des prestataires pour le linge par exemple» doivent être payées.
Appel aux aides
«Nous attendons également toujours des actes sur les loyers et les assurances de la part du gouvernement, notamment dans le cadre du projet de loi de finances 2021, actuellement en discussion», écrivent-ils dans leur communiqué.
Représentants de l’«art de vivre à la française», selon les mots du chef de l’État, les restaurateurs attendent donc des actes forts.