«La fille cachée de Bouteflika» condamnée à 12 ans de prison ferme et 46.000 euros d'amende

© AP Photo / Sidali DjarboubL'ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika
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Après avoir défrayé la chronique pendant plus d’un an, le feuilleton de la femme qui se présentait comme la fille de l’ex-Président algérien déchu Abdelaziz Bouteflika a pris fin ce mercredi. En effet, elle a été condamnée avec ses deux filles, deux ex-ministres et l’ex-directeur général de la Sûreté nationale à de lourdes peines.

Elle se surnommait «Madame Maya» et se faisait passer pour la fille de l’ex-Président algérien déchu Abdelaziz Bouteflika. Cette femme, Nachinachi Zoulikha-Chafika de son vrai nom, et ses deux filles, interpellées en juillet 2019, ont été condamnées à de lourdes peines de prison ferme par le tribunal de Chéraga, dans la banlieue d’Alger. Elles ont été poursuivies pour «blanchiment d’argent», «trafic d’influence», «octroi d’indus avantages», «dilapidation de deniers publics», «incitation d’agents publics pour l’octroi d’indus avantages» et «transfert illicite de devises vers l’étranger».

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Sa chute aurait pu passer pour un fait divers si elle n’avait pas entraîné dans son sillage de très hauts responsables de l’État, y compris de la garde rapprochée de Bouteflika et pas des moindres, tous tombés dans son escarcelle.

«Une vraie femme d’influence»

En juillet 2019, le quotidien francophone El Watan rapporte que «Madame Maya» bénéficiait d’une escorte policière et «avait ses entrées au plus haut niveau de la présidence de la République». Elle disposait également d’une maison à la résidence d’État ultra-sécurisée de Moretti qui servait de «lieu de rencontre et d’affaires pour de nombreux responsables de l’État».

Elle «connaissait tous les walis [préfets, ndlr], les ministres et les chefs de nombreuses institutions de la République, mais aussi le secrétaire particulier du Président déchu, qui lui permettaient de régler ses affaires et celles de ses amis et proches qui la sollicitaient en contrepartie de services rendus ou d’argent», révèle le média.

L’enquête menée par les services de sécurité algériens après son arrestation a permis la comparution d’Abdelghani Zaâlane, ex-ministre des Travaux publics et directeur de campagne de Bouteflika qui briguait alors un cinquième mandat, de Mohamed El Ghazi, ancien ministre du Travail, dont la défense a plaidé la folie au moment des faits.

La plus étonnante révélation de l’enquête est le fait que «Madame Maya» a réussi à soudoyer même le général-major Abdelghani Hamel, directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) à l’époque des faits. Ce dernier a déjà été condamné à 15 ans de prison ferme dans d’autres affaires de corruption avec sa femme et leurs enfants.

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En juillet, lors de la perquisition menée à son domicile, les services de sécurité ont mis la main sur une somme importante d’argent: 120 millions de dinars (environ 910.000 euros), 270.000 euros et 30.000 dollars. Ceci s’ajoute aux 17 kilogrammes de bijoux en or et aux faux passeports, le tout caché dans un mur.

Le verdict

À l’issue des plaidoiries et des délibérations, le juge du tribunal correctionnel de Chéraga a condamné la principale accusée dans cette affaire à 12 ans de prison ferme et sept millions de dinars (46.000 euros) d’amende, avec saisie de ses biens y compris à l’étranger.

Ses deux filles ont, quant à elles, écopé d’une peine de cinq années de réclusion criminelle assortie d’une amende de trois millions de dinars (20.000 euros) chacune, avec saisie de tous leurs biens.

Concernant «les hauts responsables de l’État», le tribunal a condamné le général-major Abdelghani Hamel et les anciens ministres Abdelghani Zaâlane et Mohamed El Ghazi à 10 ans de prison ferme et un million de dinars (6.600 euros) d’amende. Ces trois responsables devront également dédommager le Trésor public, également partie civile dans cette affaire.

Enfin, le juge a décidé de peines comprises entre deux et 10 ans de prison ferme à l’encontre des autres accusés.

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