La démission du gouvernement kirghize suite aux manifestations de Bichkek, la contestation des élections présidentielles en Biélorussie et le conflit du Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan: Plusieurs républiques post-soviétiques sont dans la tourmente. Un échec de Vladimir Poutine?
Pour René Cagnat, ancien consul honoraire de France à Bichkek, ex-colonel et auteur de l’essai Le Désert et la Source (Éd. du Cerf, 2019), «des décennies avant lui [Poutine, ndlr], la chose était déjà mise en place par le pouvoir soviétique».
Le Haut-Karabakh, peuplé d’Arméniens, a en effet été rattaché à l’Azerbaïdjan en 1922. Du côté du Kirghizstan, l’ancien colonel évoque «un délitement de l’État». À Minsk, autre scénario: René Cagnat envisage sérieusement l’hypothèse d’une «révolution de couleur», c’est-à-dire d’une «intervention de l’Occident sur la politique intérieure [biélorusse, ndlr]».
C’est pourquoi, selon lui, ces crises ne sont «pas l’œuvre de Poutine». Mais d’après l’ancien colonel, c’est surtout le risque de déstabilisation qui menace particulièrement l’Asie centrale qui est le plus à craindre:
«Le fait grave au Kirghizstan, c’est que l’instabilité peut au moins se répandre au Tadjikistan, très vulnérable: les islamistes veillent, sont encadrés, ont leurs fidèles, dont certains sont armés, avec une tradition guerrière […] Eux peuvent vraiment intervenir et rafler la mise aux Russes et aux Chinois. Il leur faudra des mois de combats, de guerre civile qui ne resteront pas limités à ces deux pays, mais se répandront sur les républiques voisines. C’est déjà la pagaille en Afghanistan. Il va y avoir la pagaille au Kirghizstan et au Tadjikistan. On pourrait dire que toute l’Asie centrale serait déstabilisée.»