Y a-t-il une «croisade» dirigée contre Marion Maréchal au sein du Rassemblement national? L’accusation, portée par l’intéressée elle-même dans Le Parisien du 11 septembre dernier, semble en tout cas prendre corps. Le 15 septembre sur le plateau de BFMTV, la nièce de Marine Le Pen allait même plus loin, dénonçant une «espèce de tendance un peu stalinienne» au sein du RN pour qui «tu dois tout au parti et le parti ne te doit rien.»
Dans le viseur de la jeune retraitée de la politique à l’époque, l’éviction de certains de ses proches (Gilbert Collard, Nicolas Bay) de la commission nationale d’investiture du parti, début août. Dans un entretien donné à Paris Match le 1er août, Gilbert Collard s’était d’ailleurs indigné, fustigeant des «petits règlements de comptes minables» et des «méthodes de gougnafiers». «Il y a des coups de pied au cul qui se perdent», avait-il ajouté. L’eurodéputé RN regrettait alors le manque de «courtoisie» de Marine Le Pen, qui ne l’avait pas appelé pour le prévenir de cette décision.
«Méthodes de gougnafiers»
C’est du moins la version officielle. Car, en réalité, les députés convoqués sont des proches de Marion Maréchal: Agnès Marion préside ainsi le cercle Fraternité, un collectif conservateur défendant les «valeurs familiales»; Sophie Robert est la belle-mère de Thibaut Monnier, cofondateur de l’Issep, l’école présidée par Marion Maréchal à Lyon; Antoine Mellies est un ami de Marion Maréchal, qui avait placé Agnès Marion et Andrea Kotarac (transfuge de La France insoumise) comme têtes de liste dans la métropole lyonnaise sous l’étiquette RN.
«On purge toute personne qui est dans l’écosystème de Marion Maréchal»
Contacté, Antoine Mellies n’a pas souhaité commenter cette affaire. La procédure du parti à son encontre –pouvant aller jusqu’à l’exclusion– n’est pas encore aboutie.
L’histoire ne s’arrête pas là. Jeudi 8 octobre, Marianne a ainsi révélé que plusieurs collaborateurs de l’Issep avaient vu leur demande d’adhésion rejetée par les instances du RN. Le parti leur a expliqué qu’ils étaient tout simplement «indésirables», prétextant des «propos hostiles à la ligne du parti».
Des accusations qui ne reposent visiblement sur rien, si ce n’est une affiliation à l’école présidée par Marion Maréchal. Cité par Marianne, l’un des intervenants de l’Issep retoqué par le RN dénonce une «purge» au sein du parti:
«On purge toute personne qui est de près ou de loin dans l’écosystème de Marion Maréchal. C’est un peu comme dans Harry Potter, quand le ministère de la magie noyauté par Voldemort fait la chasse aux sorciers rebelles!», éructe un intervenant de l’Issep qui s’est vu refuser son adhésion au RN.
Interrogé par Sputnik, Gilbert Collard, qui reconnaît «ne plus être dans les arcanes du Rassemblement national» depuis quelque temps, refuse pourtant de parler de «purge» à ce stade. Concernant son propre cas, il rappelle qu’il «n’allait pas» aux réunions organisées par la commission d’investiture du parti, «un motif qui pouvait justifier [son] exclusion».
«En politique, qui ne se méfie pas de tout le monde est déjà mort»
Dans le cas des élus lyonnais convoqués par le parti en vue d’une possible exclusion, l’eurodéputé RN considère que les motifs invoqués (l’investiture d’un ancien candidat des comités Jeanne de Jean-Marie Le Pen) sont «tout à fait recevables». «Ce n’est pas parce qu’on est proche de Marion Maréchal qu’on peut foutre le feu à Nanterre [le siège du RN, ndlr] et s’indigner ensuite de son exclusion», relativise-t-il.
«En admettant qu’il y ait une “chasse aux sorcières” au sein du RN, naturellement cela ne me conviendrait pas. Mais, à ce stade, aucune preuve ne permet de l’affirmer. […] Il y a même des motifs judiciaires adjacents qui justifient ces exclusions», nuance Gilbert Collard au micro de Sputnik.
Un jeu du chat et de la souris entre la tante et la nièce qui ne fait qu’alimenter les rumeurs d’une méfiance réciproque, plus que jamais d’actualité.