Après avoir été instrumentalisés en Syrie par les États-Unis et leurs alliés du golfe Persique, les soi-disant «rebelles syriens» semblent être maintenant en train de faire une sorte de tour du monde.
Alors pourquoi cette guerre? Et pourquoi maintenant? Il y a un peu plus de dix ans, Dick Cheney, l’ancien vice-président américain, l’un des architectes de la guerre en Irak, était déjà obsédé par l’Azerbaïdjan. Un indice, peut-être, sur les enjeux et objectifs du conflit actuel? Taline Papazian, docteur en sciences politiques et chargée de cours à l’Université d’Aix-Marseille, revient sur le déclenchement du conflit:
«La Turquie jette de l’huile sur le feu et a poussé Bakou à poursuivre l’offensive militaire engagée dimanche 27 septembre, à ne rien lâcher, au lieu d’appeler à revenir à un cessez-le-feu. À cet appel, l’Arménie a dit que oui, elle était prête à rentrer dans des discussions pour arrêter les hostilités. L’Azerbaïdjan a posé des préconditions à toute forme de discussion. Il semble qu’aujourd’hui, le Président Aliev, pour régler le problème de pouvoir rester au pouvoir en Azerbaïdjan, se soit mis en coopération plus qu’étroite… carrément une satellisation de l’Azerbaïdjan par Ankara.»
Le docteur en sciences politiques estime par ailleurs que la situation représente une opportunité de rapprochement entre la France et la Russie:
«Voilà un enjeu pour rebattre les cartes avec la Russie et pouvoir être dans un dialogue beaucoup plus apaisé, constructif avec la Russie. Et on voit que les deux membres les plus actifs [de la communauté internationale, ndlr] sont la France et la Russie. Et le dialogue se fait assez bien entre les deux partenaires depuis quelques jours.»
Mais quelle serait la motivation pour la France et ses alliés de l’Otan de se mêler de cette guerre? La chargée de cours à l’Université d’Aix-Marseille explique les implications internationales de ce conflit régional:
«La Turquie est membre de l’Otan, ce qui signifie qu’on est aujourd’hui dans une configuration extrêmement dangereuse, parce que le conflit du Haut-Karabakh, son cadre traditionnel qui était une opposition entre trois parties –les Arméniens au Karabakh, l’Azerbaïdjan, l’Arménie –, aujourd’hui, ce cadre a volé en éclats. Notamment du fait de la présence de mercenaires qui viennent de faire situer le problème dans un problème de sécurité beaucoup plus global.»