Le nombre d’objets artificiels en orbite autour de la Terre augmente constamment, surtout depuis le projet Starlink d’Elon Musk, dénonce sur CNN Business Peter Beck, PDG de Rocket Lab, une entreprise spécialisée dans le lancement spatial. Selon lui, il sera de plus en plus difficile de trouver une trajectoire sécurisée pour lancer des fusées et de nouveaux satellites.
«Cela a un impact massif sur les lancements», prévient-il sur la chaîne. Sa théorie reprend celle du scientifique de la Nasa Donald Kessler, qui mettait déjà ses collègues en garde en 1978 concernant l’encombrement de l’espace. Le «syndrome de Kessler» postule qu’un jour les satellites et détritus des explorations spatiales passées encombreront tellement l’espace au-dessus de la Terre qu’il deviendra plus difficile, voire impossible, d’entreprendre davantage de missions.
Selon M.Beck, une partie du problème vient du fait que l’espace n’est pas réglementé. Au cours des 12 derniers mois, SpaceX, dans le cadre de son programme Starlink, a lancé plus de 700 satellites en orbite sans qu’aucune restriction ne lui soit imposée. Cela constitue déjà, de loin, la plus grande constellation de satellites existante, et ceux-ci pourraient monter jusqu’à 40.000, soit cinq fois le nombre total envoyé dans l’espace depuis 1950.
Le problème était déjà évoqué dans le film «Gravity» (2013), dans lequel des morceaux de satellites provoquent une désastreuse collision en chaîne. Certains expert avertissent sur le fait qu’il pourrait bientôt ne plus s’agir d’une fiction, tant l’espace devient congestionné.
Afin d’éviter le problème, les satellites Starlink sont situés à une altitude plus basse que les zones les plus encombrées. L’entreprise affirme également qu’ils sont capables de se positionner d’eux-mêmes à l’écart des débris spatiaux.
Collision entre constellations
Toutefois, SpaceX ne sera pas pour longtemps la seule entreprise à posséder sa constellation de satellites. La société britannique OneWeb et celle de Jeff Bezos, Blue Origin, ont également l’intention de s’y positionner.
Selon Moriba Jah, astrodynamicien à l’université du Texas spécialisé en trafic spatial, il faudra que les sociétés concurrentes partagent leurs données de localisation de fusées et satellites en temps réel afin d’éviter les collisions.
Le problème des débris, pièces de fusées et satellites inutilisés toujours en orbite paraît quant à lui difficile à résoudre actuellement. D’après M. Jah, leur nettoyage est «pratiquement impossible» à grande échelle, et ces objets prendront «des années, voire des siècles» pour tomber naturellement hors de leur orbite.