La France a participé à la guerre d’Afghanistan lancée fin 2001 par les États-Unis, suite aux attentats du 11 septembre. Après 13 ans d’engagement aux côtés de l’Otan ou des Américains, elle s’est définitivement retirée de cette guerre en décembre 2014. Durant ses années de présence en Afghanistan, l’armée française avait recruté pas moins de 800 Afghans qui ont servi en tant que traducteurs, magasiniers, cuisiniers ou chauffeurs, rapporte Le Monde diplomatique. Actuellement, considérés comme des traîtres à leur patrie, beaucoup parmi eux «vivent avec la peur d’être tués» par les talibans*, après avoir été «livrés à leur sort» par la France, ajoute la même source.
Le même sort que les harkis d’Algérie?
En effet, Macron «avait tracé un parallèle entre les harkis [d’Algérie également abandonnés par la France à la fin de la guerre en 1962, ndlr] et les interprètes afghans, et admettait que l’État français s’était rendu coupable d’une "faute" à l’égard de ces derniers», rappelle Le Monde diplomatique.
Le journal rapporte le cas de Wahid F. qui vit ostracisé par les talibans* comme bon nombre de ses compatriotes se trouvant dans la même situation. Il vit toujours en cachette à Kaboul, où il est obligé tout le temps de déménager précipitamment avec son épouse et leurs quatre enfants.
«Je ne peux plus travailler, j’ai peur d’être reconnu, c’est trop dangereux», a-t-il déclaré au média qui indique que son frère a été tué en représailles par les talibans* en mars 2019. Wahid F. a toujours espoir d’être rapatrié en France.
Des mécanismes de rapatriement insuffisants
Les autorités françaises ont mis en place plusieurs systèmes de «relocalisation».
Le premier a été lancé en janvier 2012. Il s’articulait autour du versement d’une prime de licenciement et d’une aide à la réinstallation en Afghanistan. Pour ceux qui étaient menacés, le dispositif prévoyait la délivrance d’un visa long séjour pour la France, selon le niveau de menaces, la qualité des services rendus et la capacité à s’adapter à la vie dans l’Hexagone. Au terme de cette opération, seuls 73 Afghans auxiliaires ont été accueillis en France.
Le deuxième dispositif qui a été mis en branle en mai 2015 a permis de délivrer des visas à 103 personnes ainsi qu’à leurs familles. Cependant, 149 autres demandes ont été rejetées «sans motivation» par les autorités françaises, précise le journal.
Parmi les 800 auxiliaires employés par l’armée française en Afghanistan, seules 227 personnes ont été autorisées à rejoindre la France, selon la même source.
*Organisation terroriste interdite en Russie