Moscou est persuadé que le nouveau régime de sanctions créé dans l’Union européenne sera appliqué dans le cadre de l’affaire Alexeï Navalny, a estimé le chef de la diplomatie russe lors d’une rencontre avec les membres de l'Association des entreprises européennes en Russie ce lundi 5 octobre.
Il a aussi rappelé que la France avait créé unilatéralement un partenariat contre l'impunité dans le domaine des armes chimiques, qui ne fait partie d’aucun cadre juridique international approuvé.
«Cette structure est hors du cadre des Nations unies, en dehors de tout cadre juridique international approuvé universellement», a souligné le ministre.
Le partenariat international contre l'impunité d'utilisation d'armes chimiques, dont la première rencontre réunissant une trentaine de pays a eu lieu à Paris le 23 janvier 2018, est une initiative française de lutte contre l'usage des armes chimiques.
«L'Union européenne a mis en place un autre régime générique [de sanctions, ndlr] pour les violations de l’utilisation de produits chimiques, en bref, pour l'utilisation de produits chimiques interdits que sont les armes chimiques. Je n'ai aucun doute que ce régime sera appliqué dans le contexte de la situation relative à Alexeï Navalny», a déclaré Sergueï Lavrov.
Des traces de substances toxiques
En outre, le ministre a mis l’accent sur le fait qu’aucune trace de substances toxiques de guerre n'avait été trouvée dans les analyses de Navalny par les médecins de l’hôpital de la Charité de Berlin, comme pour leurs confrères russes d’Omsk.
C’est après les analyses faites par des spécialistes de l'Institut de pharmacologie et de toxicologie de son armée que l’Allemagne a annoncé avoir détecté des substances toxiques dans les analyses du patient.
«Ils [les médecins d’Omsk, ndlr] n'ont trouvé aucune trace de substances toxiques, ils l'ont dit honnêtement. Mais j’attire votre attention sur le fait que l’hôpital de la Charité n'a pas non plus trouvé de substances toxiques dans ses analyses: c’est l’hôpital de la Bundeswehr qui l’a fait. Nous ne savons toujours pas si les Français et les Suédois ont réalisé ces analyses eux-mêmes ou si les Allemands les ont fournis. Et le fait que nos partenaires essaient de garder les choses secrètes, […], c'est très inquiétant. Nous voulons la vérité et nous la chercherons», a déclaré le diplomate.
Il a noté que les médecins d'Omsk, lorsqu'ils ont remis Navalny à leurs collègues allemands, leur ont fourni tous les résultats de leurs analyses.
Affaire Navalny
Hospitalisé à Omsk le 20 août après avoir fait un malaise à bord d’un avion, l’opposant russe a été par la suite transféré en Allemagne. Peu de temps après son admission à l’hôpital de la Charité de la capitale, le gouvernement allemand a affirmé, se référant à des médecins militaires, qu’il avait été empoisonné avec une substance de type Novitchok.
Le Kremlin a pour sa part déclaré que Berlin n'avait pas informé Moscou de ses conclusions, et attend toujours de recevoir le résultat de ces analyses.