La politique migratoire de l’Union européenne semble catastrophique depuis plusieurs années. La guerre contre le terrorisme en Afrique et au Moyen-Orient, à laquelle la France participe activement, a donné lieu à des déplacements massifs de populations de ces régions vers l’UE, dont les États membres se battent pour savoir qui sera obligé de les accueillir.
Pierre Henry, président de France Fraternités, chercheur associé à l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) et ancien directeur général de France Terre d’Asile, revient sur cette nouvelle politique:
«La proposition de la Commission européenne est d’abord de travailler avec les pays de transit. C’est-à-dire non pas les pays d’origine, mais les pays où les migrants vont transiter, [en Afrique et au Moyen-Orient, ndlr] en mettant sur la table un chantage aux visas. Autrement dit, soit vous prenez les personnes qui ne sont pas éligibles à l’asile, soit on va réduire le nombre de visas légaux que l’on vous donne pour entrer chaque année au sein de l’Union européenne.»
Et quid des pays du groupe de Višegrad, tels que la Hongrie et l’Autriche, qui refusent tout simplement d’accueillir davantage de migrants? Pierre Henry réagit:
«Je suis assez favorable à un système de sanctions à l’égard des pays qui refusent de partager l’accueil et de prendre leur part de ce que l’Union européenne appelle le fardeau.»
Donc tout est-il perdu d’avance? Henry semble pessimiste, en évoquant l’incendie meurtrier qui a ravagé un camp de migrants en Grèce:
«La voie qui semble choisie par l’Union est une voie qui nous amènera probablement à l’échec. Pourquoi? Avec la proposition de la Commission de mettre des "hotspots" aux frontières de l’Europe, on va multiplier les situations à la Moria par dix.»