À Bruxelles, face à la dégradation de la situation sanitaire due au Covid-19, le bourgmestre Philippe Close a interdit dès lundi 28 septembre la prostitution de rue et celle dans les établissements dédiés à cette activité, et ce dans l’ensemble de la ville.
«Concrètement, les gens n’auront pas d’autres solutions que de continuer à travailler, mais cachés, puisqu’on leur interdit de travailler, mais qu’on ne leur donne pas la possibilité de vivre. On ne leur assure ni le logement ni la nourriture», commente Anaïs de Lenclos au micro de Sputnik.
À Bruxelles, qui enregistre un taux de positivité de 10% des tests pratiqués, le plus élevé de Belgique, «travailler caché» revient pour la syndicaliste à «prendre les risques». La situation sanitaire qui se dégrade n’incite pas forcément les travailleurs du sexe, «complètement conscients du risque sanitaire», à être à l’œuvre.
Pour ne pas avoir à «travailler caché», un «revenu universel»?
«Mais le souci est qu’on n’a pas le choix. Nous non plus, on n’a pas envie de tomber malades ni de ramener la maladie à la maison», assure Anaïs.
«On ne nous donne pas la possibilité d’arrêter. Comme c’était le cas en France [au printemps dernier, ndlr] où les gens étaient expulsés et n’avaient plus de quoi acheter à manger. À Bruxelles, ça va être pareil», déplore-t-elle.
En Belgique, le marché de travail ne se porte pas bien non plus. Avec deux régions –la Flandre et la Wallonie– Bruxelles est l’une des zones qui affichent l’un des plus mauvais résultats du pays, avec +9,4% de croissance du chômage en un an.
La presse belge a également cité les propos d’Emmanuel André, responsable du laboratoire de référence national des pathogènes respiratoires et porte-parole interfédéral de la lutte contre le Covid-19, qui regrette la décision d’interdire la prostitution à Bruxelles sans «offrir de solutions réalistes.»
Je regrette que la ville de Bruxelles, même dans le contexte épidémique actuel, prenne des mesures contre des personnes qui se prostituent sans leur offrir de solutions réalistes. Cela va précariser davantage ces personnes. Est-ce le virus ou la prostitution qui dérange?
— Emmanuel André (@Emmanuel_microb) September 29, 2020
«Il faut trouver une situation financière, si on veut que les gens s’arrêtent», soutient Anaïs.
«Le travail du sexe, c’est également une activité. Elle se passe entre adultes consentants. On peut ne pas approuver cette activité. Mais si c’était si simple de changer de métier, on l’aurait fait depuis longtemps», détaille Anaïs de Lenclos.
Pour la syndicaliste, l’une des solutions appropriées serait «d’établir un revenu universel, d’un montant suffisant pour manger et vivre décemment, au moins pour la période de la pandémie.»