Emmanuel Macron, pourfendeur des ingérences étrangères dans les processus démocratiques? C’est en tout cas l’image que le Président de la République a voulu renvoyer à l’occasion de son voyage à Vilnius.
Si la presse française souligne un «paradoxe» entre ces prises de position du locataire de l’Élysée et son plaidoyer en faveur d’un dialogue «sans complaisance et sans naïveté» avec la Russie, celle-ci ne voit en revanche aucune contradiction au fait que –non content de refuser de reconnaître le résultat des élections présidentielles en Biélorussie– ce chef d’État rencontre, Svetlana Tikhanovskaïa, leader de l’opposition à Loukachenko.
Quand Macron soutient l’opposition biélorusse
Une entrevue à laquelle Emmanuel Macron lui aurait notamment «promis de faire le maximum pour aider aux négociations dans la crise politique que traverse» la Biélorussie ou encore à «faire tout son possible pour aider à la libération de tous les prisonniers politiques», développait auprès de la presse l’opposante, qui aurait été conviée à faire un discours devant l’Assemblée nationale.
«C’est pathétique, il reproche aux autres ses propres égarements», réagit auprès de Sputnik François Asselineau, Président de l’Union populaire républicaine (UPR).
«Le bilan en France est très mauvais et donc il trouve un dérivatif sur les questions internationales», estime ainsi François Asselineau, qui rappelle le contexte de grogne sociale incarnée par les Gilets jaunes ou encore les résultats désastreux pour la majorité des élections législatives partielles des 20 et 27 septembre ou des sénatoriales. «La situation peut s’embraser du jour au lendemain en France», assène ainsi l’ancien candidat aux Présidentielles.
«C’est un peu triste pour cette opposante à Loukachenko, car elle doit penser que Macron va lui apporter quelque chose, alors qu’il n’apporte rien du tout. Il n’y a que Macron et elle qui croient que cela va changer quoi que ce soit, d’autant plus qu’il est extrêmement maladroit en relations internationales.»
Pour François Asselineau, l’actuel locataire de l’Élysée préférerait ainsi délaisser la politique nationale pour les fastes de la scène internationale «où il est reçu avec les honneurs dus à son rang de chef d’État», dressant un parallèle avec la fin de mandat de François Hollande.
À l’étranger, Macron «joue les coqs»
Pour autant, ce choix n’apporterait selon lui pas de meilleurs résultats qu’en matière de politique intérieure. L’homme politique rappelle ainsi le Liban, où Emmanuel Macron s’est illustré par ses saillies à l’encontre de la classe politique du pays du Cèdre. Un avis qu’il n’est pas le seul à partager:
«J’ai trouvé surréaliste que monsieur Macron dise que la classe politique libanaise l’avait trahi. Pour monsieur Macron, l’ingérence c’est tous ceux qui ne partagent pas son avis», s’emporte au micro de Sputnik Thierry Mariani.
L’eurodéputé du Rassemblement national (RN) garde-t-il une dent contre Macron, lui dont le parti politique semble visé par le renforcement des règles en matière de financements étrangers des partis politiques voulu par le Président de la République?
«Le candidat qui a reçu le plus de financement pour sa campagne présidentielle –à hauteur de 15%– de dons venant de l’étranger, certes venant de Français à l’étranger, c’était monsieur Macron», assène-t-il.
François Asselineau évoque, pour sa part, le regain de tensions en Méditerranée orientale, autre dossier sur lequel le locataire de l’Élysée aurait «joué les coqs»:
«Sur l’affaire de la Méditerranée orientale, la tension a baissé, les Turcs ont ramené leur navire de prospection suite à des conciliabules entre Recep Tayyip Erdogan, Vladimir Poutine et Angela Merkel. Les choses sérieuses, c’est ça!»
Asselineau souligne aussi que pour «avoir un rôle d’intermédiation, il faut être adoubé par les deux parties.» Rôle difficile à tenir pour un chef d’État qui, la veille de son départ pour les pays baltes, confiait au Journal du dimanche (JDD) qu’«il est clair que Loukachenko doit partir.»