Lors de leur audition le 23 septembre au Sénat face à la commission d’enquête sur la gestion de la crise sanitaire, l’ex-porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye et l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn ont défendu l’aspect communicationnel de leur fonction. Si elles ont souligné un contexte difficile et un manque d’informations du monde scientifique au début de l’épidémie, elles ont ensuite rejeté en partie la faute sur les Français.
Récemment nommée chez LREM au pôle idées, Mme Ndiaye explique dans la vidéo diffusée par Public Sénat avoir souffert d’un «défaut d’acculturation scientifique de la population française». Elle assure également ne pas avoir menti «sur la situation des masques» lors de l’épidémie.
«Les masques ne sont pas nécessaires pour tout le monde», avait-elle déclaré le 20 mars avant d’avouer qu’elle ne savait pas l’utiliser, une phrase largement reprise et critiquée dans les médias à l’époque.
C’est en particulier sur ce rapport à la vérité que l’ancienne porte-parole a dû s’expliquer au vu de sa déclaration bien connue datant de 2017: «J’assume de mentir pour protéger le Président de la République».
«Ces propos ont été rapportés de manière parcellaire», se défend-t-elle, avant d’expliquer qu’elle avait dissimulé le lieu où Emmanuel Macron faisait une partie de tennis afin de «protéger un moment de vie privée qui n’a rien à voir avec le moment politique dans lequel nous sommes».
«Procès en incompétence»
Les sénateurs ont ensuite questionné Agnès Buzyn, chargée de la Santé jusqu’au 16 février, laquelle a dénoncé une «forme de procès en incompétence» lors de son introduction. Elle affirme que ses propos sur le risque «pratiquement nul» d’importation de cas depuis Wuhan ont été «tronqués», ce qui a «grandement contribué aux menaces de mort» dont elle a fait l’objet.
Elle admet ensuite que l’étude de laquelle vient cette modélisation était erronée, mais qu’elle ne l’a appris que plus tard. L’ancienne ministre évoque alors son «intuition» concernant la gravité de l’épidémie qui l’a notamment poussée à s’exprimer tous les jours depuis le 21 janvier, mais qu’à l’époque personne ne partageait son avis.
«Force est de constater que l’opinion ne s’était pas préparée», ajoute-t-elle, «Quand un pays est dans le déni, c’est très compliqué».
«Si j’avais dit le 21 janvier que l’on allait avoir une pandémie mondiale, on m’aurait traitée de folle», justifie-t-elle. Concernant les masques, elle assure en avoir commandé le 24 janvier, dès qu’elle a pris connaissance d’un stock insuffisant en France. «C’est en fait déjà trop tard. La Chine est fermée», indique-t-elle.