«Deuxième vague» de coronavirus: réalité ou psychose?

© AFP 2024 LUCAS BARIOULETUn hôpital à Levallois-Perret
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Tandis que les messages alarmants se multiplient de la part des autorités, la communauté scientifique est divisée sur la réalité d’une deuxième vague de Covid-19 en France. Sputnik a souhaité mettre à la disposition des lecteurs les données épidémiologiques actuelles comparées à celles observées au printemps lors du pic de la pandémie.
«Le virus est à nouveau très actif dans notre pays. Nous devons apprendre à vivre avec pour quelques mois encore.»

Le ministre de la santé Olivier Véran avait le ton grave au moment de se présenter devant les caméras le 17 septembre. Depuis plusieurs semaines maintenant, le gouvernement multiplie les avertissements: le Covid-19 est bien de retour. Un contexte qui a poussé les autorités à prendre une série de mesures restrictives allant du port du masque obligatoire en entreprise, dans de nombreuses villes et à l’école, jusqu’à l’encadrement de l’ouverture des bars et restaurants dans plusieurs régions, en passant par des limites de population pour les événements publics.

​La communauté scientifique a bien du mal à se mettre d’accord sur la réalité d’une deuxième vague. Le 15 septembre dernier, Laurent Toubiana, chercheur épidémiologique à l’Inserm et directeur de l’Institut de recherche pour la valorisation des données de santé (IRSAN), assurait au micro de Sputnik que «le virus ne circule pas». Mais le généticien Axel Kahn appelle au contraire à «siffler la fin de la récréation» en demandant aux Français d’«éviter les rassemblements privés»

Plus de cas, plus de tests

Devant ce flot d’informations contradictoires, Sputnik France a décidé de regarder les chiffres disponibles sur l’épidémie en les comparants à ceux qui ont pu être observés lors du pic du printemps dernier.

Prenons tout d’abord le nombre de cas supplémentaires. Selon le bulletin quotidien de Santé publique France du 21 septembre, 5.298 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés en 24 heures dans l’Hexagone. Des chiffres en forte baisse par rapport à ceux de la veille, où 10.500 nouvelles contaminations étaient à dénombrer. Ce dernier bilan de Santé publique France est à prendre avec des pincettes: les chiffres du lundi sont souvent sous-estimés car les laboratoires ferment le dimanche. Le samedi 19 septembre, le pays enregistrait même un record de nouveaux cas avec 13.498 personnes diagnostiquées en 24 heures.

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De telles données sont cependant à mettre en rapport avec l’augmentation colossale du nombre de tests que l’on a pu constater en France entre le printemps dernier et la rentrée de septembre. Par exemple, moins de 250.000 tests avaient été réalisés entre le 18 et le 24 mai, alors qu’entre le 7 et le 13 septembre, ce sont plus d’1,2 million de dépistages qui ont été effectués. Nous sommes donc passés de 370 à 1.900 tests pour 100.000 habitants, soit plus de cinq fois plus.

Passons au nombre de malades en réanimation, indicateur particulièrement pertinent pour mesurer la gravité de l’épidémie. Selon les données disponibles sur le site de France Info, au 21 septembre, 5.616 hospitalisations pour cause de coronavirus étaient en cours en France, dont 919 en réanimation. À titre de comparaison, le 14 avril, la France comptait 32.131 hospitalisations dues au Covid-19, dont 6.599 en service de réanimation: respectivement, près de six fois moins d’hospitalisations et plus de sept fois moins de malades en réanimation.

Si le nombre de nouvelles hospitalisations a augmenté ces dernières semaines, dépassant même les chiffres observés au départ de la période de confinement en mars dernier, Le Télégramme souligne cependant qu’«entre le 18 et le 25 mars, le nombre de personnes hospitalisées avait triplé, pour être finalement multiplié par dix en moins d’un mois». «Au rythme des derniers jours, le nombre d’hospitalisations au 1er septembre aurait triplé à la fin octobre», ajoute le quotidien.

Un taux de circulation plus faible qu’au plus fort de l’épidémie

Concernant les décès à l’hôpital, Santé publique France nous informe qu’ils sont au nombre de 53 au 21 septembre. Sur sept jours glissants, la moyenne de décès du Covid-19 à l’hôpital s’élève à 49,57 en France. Le pic pour ce type de décès avait été atteint le 6 avril avec 613 morts. A l’époque, la moyenne de décès du coronavirus à l’hôpital sur sept jours glissants était de 513,43.

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Enfin, la vitesse de circulation du virus calculé par le désormais célèbre facteur de reproduction R0. Comme l’explique le site du ministère de l’Intérieur, «un R0 supérieur à 1 traduit une tendance à l’augmentation du nombre de cas (un porteur du virus contamine plus d’une personne, il y a donc plus de cas à la génération suivante)». D’après le bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France, le 17 septembre, le R0 était de 1,40 d’après les données de passages aux urgences, et de 1,09 selon les données virologiques des tests PCR.

Récemment cité par Top Santé, le docteur William Berrebi, gastro-entérologue, hépatologue et ancien interne des Hôpitaux de Paris, expliquait qu’«au plus fort de l'épidémie de coronavirus, à la fin du mois de mars 2020, le R0 était de 2,8, ce qui signifie que chaque personne infectée pouvait transmettre le virus à environ 3 autres personnes».

© SputnikChiffres des hospitalisations pour le Covid-19
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Chiffres des hospitalisations pour le Covid-19

Toutes ces données montrent que la situation actuelle est sans commune mesure avec celle qui a pu être observée au plus fort de l’épidémie au début du printemps dernier. Cependant, il apparaît également clair que les indicateurs se dégradent et que la prudence est de mise afin d’éviter une situation comparable avec celle vécue il y a quelques mois.

C’est en substance le message donné au Parisien par le docteur François Braun, président du syndicat Samu-Urgences de France et chef des urgences du CHR de Metz-Thionville (Moselle):

«Depuis une dizaine de jours, on assiste à une augmentation assez importante de cas et cette hausse est constante de jour en jour. La seconde vague est là et il est temps de s'y préparer. Ce n'est pas le raz de marée qu'on a connu au mois de mars, les services de réanimation, globalement, ne sont pas saturés, mais on sent qu'on est à un point de bascule.»
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