La polémique enfle autour du parc à thème sur le Débarquement, censé voir le jour en Normandie, rapporte Le Parisien.
Soutenu par le Conseil régional, ce parc mémoriel baptisé «Hommage aux héros» devrait voir le jour en 2024, pour le 80e anniversaire du D-Day. S’étendant sur 25 hectares, la structure devrait notamment proposer une tribune de 700 places circulant sur un rail, destinée à immerger les spectateurs dans l’atmosphère du Débarquement, à l’aide d’image d’archives et de jeux d’acteurs.
«Ce que nous voulons faire, c'est un documentaire vivant. À partir d'une tribune mobile, les spectateurs pourront traverser une dizaine de tableaux qui devraient les emmener en immersion dans la compréhension de l'histoire», déclare au Parisien Régis Lefèvre, l'un des porteurs du projet.
Opposition d’anciens combattants et de leurs familles
Bénéficiant d’un budget de 25 millions d’euros, le projet rencontre cependant des détracteurs. Plusieurs associations d’opposants se sont ainsi indignées qu’un épisode historique aussi meurtrier que le Débarquement puisse faire l’objet d’un parc à thème.
«La guerre est une boucherie. L'idée même qu'on puisse en faire une attraction touristique à partir d'un épisode qui a causé des dizaines de milliers de morts est absolument nauséabonde», explique ainsi au Parisien Maxi Krause, à la tête d'un groupe local d'opposants au projet.
Parmi les protestataires figurent certains anciens combattants ayant participé au Débarquement, ainsi que des familles de descendants. Les deux derniers survivants du commando Kieffer, ayant débarqué à Sword Beach en 1944, ont ainsi signé une tribune dans Le Monde, accompagnés de 156 descendants de militaires, pour dénoncer «une mascarade historique à visée commerciale».
Les autorités se veulent rassurantes
Le Conseil régional de Normandie se défend pour sa part de vouloir créer «un parc d’attraction» sur la guerre, et assure que plusieurs comités scientifiques encadreront le projet, pour veiller au «respect de la mémoire et de la vérité historique».
«C'est un procès d'intention. Il n'a jamais été question de parc d'attractions. Nous avons au contraire pris tous les garde-fous nécessaires pour garantir la dimension éthique du projet. [...] Je suspendrai évidemment mon soutien à la moindre réserve émise par l'un de ces comités», affirme ainsi au Parisien Hervé Morin, président du conseil régional.
Et l’élu de souligner l’importance du «tourisme de mémoire» pour la Normandie, qui représente aujourd’hui «une centaine de structures et pas moins de 110.000 lits d'hôtellerie».