«Éric Dupond-Moretti est, en tant que garde des Sceaux, frappé par un double conflit d’intérêts», affirme Mediapart dans un article publié le 14 septembre. Le média évoque d’une part les précédentes déclarations du ministre à l’encontre du parquet national financier (PNF), d’autre part sa proximité avec l’avocat de Sarkozy Me Thierry Herzog, une relation qui poserait problème en raison de l’affaire Bismuth-Sarkozy.
En effet, M.Dupond-Moretti a passé une partie de ses vacances avec Me Herzog sur la Côte d’Azur, comme l’a révélé un reportage de Paris Match dans lequel ce dernier ne tarit pas d’éloges envers son «pote de toujours», l’actuel ministre de la Justice. Or, Thierry Herzog sera jugé en novembre pour corruption. L’accusation sera portée par le PNF, lequel est placé sous l’autorité du ministre.
Dupond-Moretti contre le PNF
Toujours selon Mediapart, le deuxième conflit d’intérêts porte sur l’aversion d’Éric Dupond-Moretti pour le PNF. Il doit prochainement recevoir un rapport sur le fonctionnement de cette institution judiciaire sur son enquête menée depuis 2013 pour déterminer comment Nicolas Sarkozy et son avocat ont été informés des écoutes qui les visaient.
D’après les révélations du Point, ces investigations datant de 2014 avaient entre autres épluché les appels téléphoniques de plusieurs avocats, dont faisait partie Dupond-Moretti. Apprenant la nouvelle en juin, il avait vivement réagi: «On est chez les dingues» ou encore «il y a quelques juges qui dérapent et dérivent complètement».
Avocat à l’époque, Dupond-Moretti avait porté plainte contre le PNF pour la retirer dès lors qu’il a été nommé ministre de la Justice. Mediapart s’interroge si ce retrait de plainte «suffit à éteindre le conflit d’intérêts» alors que le garde des Sceaux est potentiellement amené à donner des préconisations sur la mission du parquet.
Le ministre répond
L’intéressé a réagi après la publication de l’article sur le site d’investigation. «J’ai le droit au respect de ma vie privée, ainsi qu’à ma liberté d’expression», lance-t-il.
«En ce qui me concerne, je préfère les vrais procès (ou les prévenus sont présumés innocents) aux procès d’intention que vous faites dans chacune de vos questions. Thierry Herzog est un ami et le restera. J’ignorais que Mediapart plaidait pour l’abandon de ses amis en fonction des circonstances», poursuit-il.
Il s’en prend ensuite à l’auteur de l’article, Fabrice Arfi, lequel l’avait invité en 2019 après avoir qualifié les méthodes de Mediapart d’«indignes, dégueulasses, staliniennes». «Monsieur Arfi m’a un jour proposé “un bon repas” (sic) par SMS. Je l’ai refusé mais l’aurais-je accepté que je ne serais pas devenu son ami ou son séide», conclut-il.