Le commandant de l’Armée US pour l'Afrique s’est rendu en Tunisie, qu’est-il venu chercher auprès de Kaïs Saied?

© AP Photo / Mosa'ab Elshamy / TUNISIA PRESIDENTIAL ELECTIONSKaïs Saïed, Président tunisien
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Le général Stephen J.Townsend, commandant d’Africom, s’est rendu mercredi 9 septembre en Tunisie où il a rencontré le Président Kaïs Saied, indique une note de la présidence tunisienne. Les deux hommes ont officiellement parlé de coopération militaire et sécuritaire, ainsi que de lutte antiterroriste. La Libye était-elle le dessous de cette visite?

Trois jours après l’attentat terroriste ayant visé la station balnéaire de la ville de Sousse, dans le nord-est de la Tunisie, le Président Kaïs Saied a reçu mercredi 9 septembre le chef du Commandement des États-Unis pour l'Afrique (Africom), le général Stephen J.Townsend, informe un communiqué de la présidence de la République publié sur Facebook.

De son côté, Africom affirme sur Twitter que le général J.Townsend a rencontré en Tunisie l’ambassadeur des États-Unis en Libye, Richard Norland, précisant que les deux hommes se sont entretenus par visioconférence avec le nouveau ministre libyen de la Défense du Gouvernement d’union national (GNA) basé à Tripoli, le colonel Salah Eddine al-Namroush.

Le colonel al-Namroush a été nommé le 29 août par Fayez el-Sarraj suite au limogeage du ministre de l’Intérieur Fathi Ali Bachagha à son retour d’une visite en Turquie.

Ces événements interviennent quelques jours après l’annonce faite par le chef de l’État tunisien sur la disponibilité de son pays à accueillir le dialogue interlibyen dans le cadre d’une démarche des pays voisins de la Libye coordonnée avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Décryptage.

«Renforcer la coopération dans la lutte anti-terroriste»

«Le Président de la République Kaïs Saied a reçu au Palais de Carthage le commandant d’Africom, le général Stephen J.Townsend», rapporte la note de la présidence tunisienne. «Les deux hommes ont abordé les questions relatives à la coopération militaire et sécuritaire et la lutte contre le terrorisme», ajoute-t-elle.

De son côté, Africom informe sur Twitter que les deux responsables ont notamment abordé «la question de la stabilité régionale et les moyens de mettre un terme aux organisations terroristes».

«La Tunisie est l’un des plus importants alliés non Otan des États-Unis dans la région avec qui nous avons des intérêts sécuritaires communs et une coopération pour assoir la sécurité et la stabilité régionales», a déclaré le général J.Townsend, rapporte la même source.

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Lors de sa visite, le haut gradé américain a également rencontré l’ambassadeur de son pays en Libye, Richard Norland, avec qui il a abordé «les récents événements dans ce pays». Les deux hommes se sont également entretenus avec le nouveau ministre libyen de la Défense, le colonel Salah Eddine al-Namroush.

Le général Stephen J.Townsend et M.Norland «ont réitéré le soutien des États-Unis à la poursuite du dialogue intra-libyen dans le cadre du processus dirigé par l'Onu», affirme la note d’Africom. Ils «ont également exprimé leur soutien aux efforts menés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en Libye et la réforme des services de sécurité». Les deux responsables ont à cette occasion appelé «à un cessez-le-feu durable et à la désescalade dans le centre du pays [à Misrata, ndlr], et au départ de toutes les forces militaires et mercenaires étrangers de la Libye».

À quoi jouent les Américains?

Il y a lieu de préciser que le colonel al-Namroush a été nommé ministre de la Défense par Fayez el-Sarraj suite aux événements ayant secoué fin août la capitale Tripoli. En effet, les services de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants sortis revendiquer de meilleures conditions de vie et appelant le gouvernement à lutter contre la corruption. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Fathi Ali Bachagha, proche du mouvement des Frères musulmans*, a été tenu responsable de ces événements et relevé de ses fonctions à son retour d’une visite en Turquie.

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Dans cette configuration, les États-Unis jouent double jeux. En effet, d’un côté ils soutiennent l’intervention de la Turquie, membre de l’Otan, en Libye qui a mis fin à la progression de l’Armée nationale libyenne (ANL) commandée par le maréchal Khalifa Haftar vers la capitale Tripoli où siège le GNA contrôlé par les Frères musulmans*.

De l’autre, avec le Royaume-Uni, ils apportent leur soutien à Fayez el-Sarraj dans son bras de fer avec Fathi Ali Bachagha, proche des Frères musulmans* et de la Turquie, sur le contrôle du GNA. Ce dernier s’est installé depuis sa mise à l’écart dans la région de Misrata où se trouve l’une des plus grandes milices armées du GNA.

Quid de la position du Président Kaïs Saied?

Le 2 septembre, Kaïs Saied a reçu Stéphanie Williams, chef par intérim de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), indique un communiqué de la présidence.

Le chef de l’État a salué «l’accord du cessez-le-feu en Libye comme une étape importante vers le rétablissement de la stabilité dans le pays et la reprise du processus politique», soulignant la disposition de la Tunisie à contribuer à la relance du processus politique «en accueillant un dialogue national regroupant les différentes composantes du peuple libyen».

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Pour Kaïs Saied, «les pays voisins ont un rôle capital dans l’identification d’une solution pacifique à cette crise». À ce propos, il a rappelé «la coordination et les concertations établies entre la Tunisie et l’Algérie pour réaliser la stabilité en Libye».

Dans une déclaration à Sputnik, le Dr Riadh Sidaoui, spécialiste en sciences politiques et directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales (CARAPS) de Genève, a affirmé que «le fait que le chef de l’État tunisien ait choisi de s’allier à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune a suscité une colère acerbe dans les rangs du mouvement Ennahdha issu des Frères musulmans dont certains membres n’hésitent pas à l’insulter directement». «Le Président Saied a positionné la Tunisie à égale distance de toutes les parties libyennes, à l’instar du Président Tebboune, refusant ainsi fermement que son pays devienne une base arrière à l’axe Otan-Ankara-Doha», a-t-il conclu.

*Organisation terroriste inetrdite en Russie

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