«Vingt grandes métropoles françaises seront un point de difficulté pour septembre», avait prévenu en août Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique. Un mois plus tard, le taux d’incidence est en hausse. Cet indice, qui représente le nombre de personnes testées positives au Covid-19 sur 100.000 individus, grimpe à Marseille, Paris, Bordeaux, Lyon et Lille où il est particulièrement surveillé.
Dans les Bouches-du-Rhône, département qui a le premier inquiété les autorités, le taux d’incidence était de 200,1 au 9 septembre, alors qu’il était de 25 à la fin du mois de juillet. À l’heure actuelle, d’autres régions et villes talonnent le «champion», notamment la Gironde avec le taux de 161,1 ou Paris à 153. La Guadeloupe, elle, atteint également le taux de 200,1.
Taux d'incidence du #COVID19 continue à grimper lentement ces dernières semaines https://t.co/fslaxuKNP8 pic.twitter.com/cdmDhoRW5a
— Oxana_Sputnik (@kastor_sputnik) September 9, 2020
Comparer le comparable
Dans son avis rendu public fin juillet, le conseil scientifique Covid-19 se montrait inquiet de la reprise de l’épidémie et demandait l’implication forte des métropoles. Mais en cette rentrée 2020, les choses se sont accélérées: hier, Jean-François Delfraissy estimait que le gouvernement allait «être obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles», «dans les huit à dix jours maximum».
Les réseaux sociaux sont les premiers à s’enflammer face à ces statistiques qui grimpent, mais souvent en raison de la confusion entre deux indicateurs: le taux de mortalité (c’est-à-dire le nombre de décès rapporté à la population générale) et le taux de létalité (le nombre de décès par rapport au nombre de cas). En juin dernier, la France était «dans le rouge» puisqu’elle pratiquait peu de tests au regard de la plupart des autres pays. Avec un peu plus de 29.720 décès pour un peu plus de 160.000 cas confirmés, le taux de létalité était de 18,5%. C’était le deuxième plus élevé, après le Yémen. Aujourd’hui, avec le dépistage mis en place, il est retombé à 9,58%.
Voir par exemple ici :
suède , sans confinement sans masque , 571 morts /million d'habitants (sans l'inclusion des cas suspects) , france 454....https://t.co/ByWO6kAK5h
— zoukk (@zoukk59) September 3, 2020
Comment isoler une métropole?
Mais si la situation en venait encore à se dégrader, le confinement d’une métropole serait-il envisagé?
«La réponse à cette probable deuxième vague devra être différente de la réponse à la première vague car nous disposons d’outils pour y répondre. Elle devra s’appuyer sur un choix politique et sociétal et pas seulement sanitaire», pouvait-on lire dans le rapport du Conseil scientifique de juillet dernier.
Le Conseil scientifique enjoignait les métropoles à préparer un protocole de «confinement local» en cas de résurgence du virus et prenait l’exemple de la ville britannique de Leicester, qui avait procédé fin juin à une forme de reconfinement quand les indicateurs se sont dégradés. La fermeture des commerces «non essentiels» et des écoles avait été abandonnée dans cette ville deux semaines plus tard.
«Il est indispensable que ce protocole soit activable si une métropole française se retrouvait dans une situation comparable à celle de Leicester outre-Manche», mentionnait de surcroît le rapport.
Limiter les rassemblements de plus de six personnes, même au domicile «fait partie des éléments sur la table», d’après Bruno Lina, membre du Conseil scientifique.
À Toulouse, François Chollet, vice-président de la métropole, responsable de la coordination de l’action contre le Covid dans la ville rose, se montre «sceptique» quant à la mise en place localisée du contact-tracing opéré par l’agence régionale de santé (ARS) puisque la commune «n’est pas en mesure d’assumer cette compétence».
Ainsi, entre la méthode douce et les mesures radicales, le choix reste incertain tant que le désir de ne «jamais sacrifier les libertés individuelles» demeure une constante dans toutes les formules sanitaires et gouvernementales de cette crise du Covid-1.