Le gouvernement entend faire interdire les certificats de virginité, dans le cadre de son projet de loi contre les séparatismes religieux qui doit voir le jour à l’automne, comme l’a expliqué Gérald Darmanin dans une interview au Parisien.
La pratique, qui consiste à demander la preuve médicale de la virginité d’une femme avant un possible mariage religieux, est déjà réprouvée par le Conseil de l'Ordre des médecins.
«Nous allons aussi nous attaquer aux “certificats de virginité”. Certains médecins osent encore certifier qu'une femme est vierge pour permettre un mariage religieux, malgré la condamnation de ces pratiques par le Conseil de l'Ordre des médecins. On va non seulement l'interdire formellement, mais proposer la pénalisation», a déclaré Gérald Darmanin au Parisien.
Le débat parlementaire sur le sujet est prévu pour début 2021. Les questions des peines encourues par les médecins et des contrôles effectués y seront débattues.
Une pratique controversée
Le certificat de virginité est généralement délivré après un examen de l’hymen, la membrane séparant la vulve du vagin, qui est censée se déchirer lors d’un premier rapport sexuel. Mais la méthode reste médicalement sujette à controverses, comme l’explique à 20 Minutes Isabelle Derrendinger, secrétaire générale du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes.
«Dans l’imaginaire collectif, l’hymen se rompt au moment de la pénétration. La réalité est toute autre […] Les hymens sont tous différents […] Certaines femmes ont des hymens béants, d’autres qui restent intacts malgré les rapports sexuels. Par ailleurs, la déchirure de l’hymen peut avoir d’autres causes que sexuelles: une chute sur le périnée, une activité sportive telle que l’équitation ou le vélo […]», déclare-t-elle au quotidien.
La question de l’environnement familial
Isabelle Derrendinger ajoute encore que c’est souvent l’environnement familial, les parents ou beaux-parents de la femme à marier, qui fait pression pour obtenir ces certificats.
Une opinion partagée par Ghada Hatem, médecin et fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis, pour qui «il vaudrait mieux punir les parents qui exigent ça que le médecin qui essaye d’aider sa patiente», comme elle l’a expliqué sur LCI. La gynécologue insiste également sur l’importance de la pédagogie et de l’écoute, pour encourager les femmes victimes de pressions à parler.