Mystère des chevaux mutilés: «on est tous révoltés, inquiets et il y a de la colère»

© Photo Pixabay / Wolfgang Claussen / Têtes de chevauxDes chevaux
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Depuis quelques mois, les actes de barbarie touchant des équidés s’accélèrent. Une multiplication des affaires qui crée la psychose. Sputnik a interrogé la créatrice du groupe Facebook «justice pour nos chevaux», qui réunit les propriétaires victimes et ceux désirant apporter leur contribution.
«Un sentiment d’incompréhension: pourquoi notre animal? Pourquoi les chevaux en règle générale? Mais surtout de la colère, car des gens s’en prennent à un animal sans défense.»

Pauline Sarrazin, propriétaire d’une jument tuée en juin dernier près de Dieppe, fait part de son indignation au micro de Sputnik. Une attaque atroce qui s’inscrit dans une mystérieuse série de morts violentes de chevaux, mutilés, qui frappe la France depuis au moins décembre 2018. Dernier acte en date, un cheval a été mutilé à Courlans (Jura), la quatrième attaque dans le département depuis mi-août. Plusieurs actes de cruauté du même genre ont eu lieu en Seine-Maritime, en Moselle, en Vendée, dans le Puy-de-Dôme, ou encore en Eure-et-Loir depuis le mois de février dernier.

Le point commun entre toutes ces affaires? À chaque fois, les équidés sont retrouvés avec une oreille en moins, dans la majorité des cas, l’oreille droite.

Un mode opératoire identique

Dans une note datée du 30 juin, consultée par Le Parisien, le Service central du renseignement territorial (SCRT) précise qu’il y a «une véritable volonté de porter atteinte aux équidés de manière générale tout en gardant une oreille en trophée». Et d’ajouter que «des questions se posent sur leurs auteurs et leurs réelles intentions: superstition, fétichisme, rituel satanique, sectaire ou autre». Autre précision du SCRT, les individus qui s’adonnent à ces actes de barbarie savent manipuler les équidés.

«Les traces constatées sur les naseaux laissent présumer l’utilisation d’un tord-nez, accessoire demandant à son utilisateur des connaissances et des compétences dans le monde équestre pour le manipuler avec efficacité», note le SCRT.

Pour tenter de recueillir des témoignages, Pauline Sarrazin a lancé le groupe Facebook «justice pour nos chevaux». L’objectif? «Prévenir les propriétaires d’équidés parce que malheureusement ça arrive n’importe où, n’importe quand, ça ne concerne pas que les grandes infrastructures équestres, ça concerne aussi les gens comme moi qui ont un cheval en tant qu’animal de compagnie», détaille-t-elle.

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Lucile*, qui a rejoint le groupe après qu’une amie a perdu sa jument à Berny-en-Santerre (Somme), confie que les membres du groupe «se posent tous des questions. On est en train de chercher ce qui peut se passer. On s’est dit que peut-être en mobilisant tout le réseau équestre, on allait réussir à réunir des pistes». D’autant plus, que l’«on sait que depuis des années, il y a des cas et ceux-ci n’ont pas été entendus par la gendarmerie. Certaines plaintes ont en effet été refusées, donc nous avons des témoignages d’anciens cas», affirme Lucile.

«On est tous révoltés, inquiets et il y a de la colère parce que la justice n’est pas actuellement appliquée, en tout cas par rapport aux actes qui sont commis», s’indigne-t-elle.

Un sentiment partagé par Pauline Sarrazin, qui déplore le manque de communication des forces de l’ordre: «dans mon cas, j’ai dû les avoir trois fois au téléphone concernant l’enquête par rapport à ma jument. Ce n’est pas un silence radio, c’est pire que ça.» Quant à elle, Lucile évoque également le «très peu de communication de la part de la gendarmerie. On a l’impression que c’est pris à la rigolade». Néanmoins, Pauline Sarrazin estime que «maintenant c’est pris au sérieux. Après, est-ce que c’est une priorité, je ne suis pas certaine», nuance-t-elle.

Protéger ses animaux

Alors que les pistes manquent, de plus en plus de propriétaires font preuve de solidarité. Lucile note que certains membres parlent de s’organiser localement pour effectuer des rondes de surveillance. Autres pistes avancées par les membres du groupe: investir dans des systèmes de vidéosurveillance, notamment des caméras de chasse (utilisées pour observer les mouvements des animaux), faire appel à la vigilance des voisins ou encore faire des signalements aux maires.

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Plusieurs associations de défense animale, ainsi que la Fédération française d’équitation (FFE), ont d’ores et déjà annoncé qu’elles se porteraient partie civile aux côtés des personnes ayant déposé une plainte. «Notre détermination à lutter contre toute forme de maltraitance envers les équidés est totale», a indiqué le président de la FFE. «Nous souhaitons, en lien avec la Ligue française de protection du cheval, mobiliser l’ensemble des acteurs de la Filière cheval en France. J’en appelle à la vigilance de tous pour mettre fin au plus vite à ces atrocités.»

Du côté du gouvernement, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a partagé sur Twitter les recommandations de la gendarmerie et a rappelé que «face à la vague ignoble de mutilations de chevaux, des enquêtes sont en cours.»

*Prénom modifié

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