Les scientifiques de l'université d'Hokkaido ont identifié un point atypique de fonte sous-glaciaire dans l'Est Antarctique. Des observations ont été menées à bord d’un navire près du glacier Shirase lorsque deux grandes zones de glace épaisse se sont brisées, donnant accès à la baie gelée de Lützow-Holm dans laquelle le glacier saillit, indique un communiqué publié sur le site de l’université.
«Nos données suggèrent que la glace qui se trouve directement sous la langue du glacier Shirase fond à un rythme de 7 à 16 mètres par an. […] C'est égal ou supérieur aux chiffres pour le glacier Totten qui aurait connu le taux de fonte le plus élevé de l'Antarctique oriental, de 10 à 11 mètres par an», explique le professeur adjoint Daisuke Hirano de l’institut des sciences des basses températures de l’université de Hokkaido.
Au cours de l'expédition, M.Hirano et ses collaborateurs ont recueilli des données sur la température de l'eau, la salinité et les niveaux d'oxygène en 31 points de la région entre janvier et février 2017. Ils ont combiné ces informations avec des données sur les courants et le vent de la région, les mesures obtenues par radar et des modélisations informatiques pour comprendre la circulation de l’eau océanique sous la langue du glacier Shirase.
An unexpected melting hotspot has been identified in East #Antarctica by the Japanese Antarctic Expedition involving #HokkaidoUniversity researchers. Warm water inflow to Shirase Glacier Tongue could contribute to #sea level risehttps://t.co/sCXShVU3CI#ClimateChange #research
— Hokkaido University (@HokkaidoUni) August 24, 2020
Il s’est avéré que la fonte se produit à cause de l’eau chaude coulant vers la base de la langue du glacier Shirase. Elle se déplace le long d'un creux océanique profond et s'écoule ensuite vers le haut, le long de la base de la langue, réchauffant et faisant ainsi fondre la glace. Puis les eaux chaudes qui transportent la glace fondue s'écoulent vers l'extérieur.
L'équipe estime que cette fonte qui a lieu toute l'année peut être affectée par les vents d'est qui varient selon les saisons. Lorsque les vents diminuent en été, l'afflux d'eau chaude et profonde augmente, accélérant la vitesse de la fonte.
Importance de l’étude
D’après Daisuke Hirano, les données reçues permettront de définir des prévisions plus précises des fluctuations du niveau de la mer et du changement climatique qui sont directement liés à la fonte des glaces.
En effet, la calotte glaciaire, dont la majeure partie se trouve dans l’Antarctique oriental, est le plus grand réservoir d’eau douce de la planète. Sa fonte complète pourrait entraîner une élévation de 60 mètres du niveau mondial de la mer. Les prévisions actuelles estiment que ce niveau augmentera d'un mètre d'ici 2100 et de plus de 15 mètres d'ici à 2500.