La rue berlinoise Mohrenstrasse située dans le quartier de Berlin-Mitte, dans le centre de la ville, devra changer de nom en raison de sa connotation raciste, elle portera le nom du philosophe allemand et ghanéen Anton Wilhelm Amo, selon une décision prise par les représentants du quartier lors d’une réunion.
«Nous renommerons M*Strasse [le mot "Mohren" est généralement omis par les critiques de ce nom de rue comme inapproprié, ndlr] en l'honneur d'Anton Wilhelm Amo, le premier scientifique d’origine africaine d’une université prussienne. Notre requête conjointe avec les Verts a remporté la majorité au BVVMitte [Réunion des représentants du quartier, ndlr]», a indiqué le groupe du Parti social-démocrate du district de Berlin-Mitte.
Anton Wilhelm Amo a été professeur aux universités allemandes de Halle, de Wittemberg et d'Iéna, en Allemagne au XVIIIe siècle. Il serait la première personne originaire d'Afrique subsaharienne à avoir étudié dans une université européenne, et le premier Africain à avoir obtenu un doctorat dans une université européenne.
Les discussions sur l’idée de renommer la rue et la station de métro Mohrenstrasse datent de plusieurs années à Berlin, et elles ont encore été ravivées dans le contexte d'une vague de protestations contre le racisme et la discrimination aux États-Unis et en Europe provoquée par la mort de l’Afro-Américain George Floyd.
Selon le dictionnaire de langue allemande Duden, Mohr est un terme dépassé pour les personnes d’ascendance africaine, qui est considéré aujourd’hui comme «archaïque» et «discriminatoire». Il est dérivé du terme latin «mauri» qui reviendra en français sous la forme «maure».
Disparition des noms jugés «discriminatoires»
La Berliner Verkehrsbetriebe (BVG), l'entreprise qui exploite les réseaux de métro, tramway et bus de Berlin, avait annoncé le 3 juillet que la station de métro Mohrenstrasse serait renommée pour porter le nom du compositeur Mikhaïl Glinka, tout comme une rue située à côté.
Fin juin, la pharmacie Mohren Apotheke de Vienne avait renoncé au premier mot de son nom, utilisé à l’époque pour désigner les esclaves africains. Elle avait toutefois expliqué qu’au Moyen Âge, de nombreux médicaments étaient acheminés en Europe depuis l’Afrique et les pays orientaux, ce qui explique l’apparition du mot dans les noms de plusieurs pharmacies.