Mali: pour l’ex-Président IBK, des destinations pour l’exil se dessinent

© AFP 2024 LUDOVIC MARINLe Président malien Ibrahim Boubacar Keita
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Le désormais ex-président malien Ibrahim Boubacar Keïta pourrait s’expatrier aux Émirats arabes unis, mais Dakar semble rester ouverte pour l’accueillir. Pour nombre de chefs d’État déchus du pouvoir et condamnés à l’exil, la capitale sénégalaise est une destination privilégiée, mais avec des fortunes diverses.

Depuis la prise du pouvoir au Mali par le Conseil national de salut du peuple (CNSP) le 18 août dernier, le sort d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est au cœur des tractations entre la junte et l’entourage de l’ex-chef d’État démissionnaire.

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Sous la pression d’organisations internationales qui réclament sa «libération immédiate», la junte malienne étudierait les possibles pays d’accueil. Selon Africa Intelligence du 20 août, IBK, «très affaibli physiquement depuis plusieurs semaines», privilégierait les Émirats arabes unis (EAU) où il a déjà ses quartiers médicaux. Néanmoins, deux autres capitales ouest-africaines auraient proposé d’accueillir l’ancien numéro un. Dakar pourrait être l’une d’elles.

À seulement 1.200 km de Bamako par la route et moins de deux heures par avion, la capitale sénégalaise a acquis une certaine réputation dans l’accueil de dirigeants étrangers déchus du pouvoir. Amadou Toumani Touré (ATT), chassé du palais de Koulouba par la junte du capitaine Amadou Haya Sanogo en mars 2012, avait trouvé refuge à Dakar en compagnie de sa famille. Son départ avait été âprement négocié avec les putschistes d’alors. Transféré dans un premier temps à l’ambassade du Sénégal à Bamako, il avait reçu l’autorisation de s’exiler en dépit de l’opposition d’une frange des militaires. Il est revenu dans son pays en décembre 2017 avec l’aval… d’Ibrahim Boubacar Keïta. Rebelote avec IBK? Tout le monde n’en est pas convaincu.

«Dakar étant trop près de Bamako, Abu Dhabi me semble plus plausible comme destination d’exil pour l’ex-Président Ibrahim Boubacar Keïta. Le contexte dans lequel intervient ce changement de régime au Mali est totalement différent de celui dans lequel l’ancien chef d’État Amadou Toumani Touré avait pu trouver refuge au Sénégal. Le Sénégal est un maillon important de la Cedeao qui, elle-même, est juge et partie dans ce dossier», souligne Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE).

Avant Amadou Toumani Touré, la capitale sénégalaise avait accueilli l’ex-Président du Tchad Hissein Habré. Après avoir dirigé le Tchad de 1982 à 1990, il avait été renversé par son ancien compagnon de maquis Idriss Deby Itno.

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Il s’est installé à Dakar avec l’assentiment originel de l’ex-Président Abdou Diouf, prolongé par ses successeurs Abdoulaye Wade et Macky Sall. Mais c’est sous le régime de ce dernier que Hissein Habré a été jugé par un tribunal spécial mis sur pied par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) de l’Union africaine (UA) à la suite de plaintes de victimes tchadiennes et d’organisations de droits humains. En 2015, il a été condamné à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture. Il vit dans une prison spéciale au Cap Manuel à Dakar.

Au cimetière musulman de Yoff, à une trentaine de minutes du centre-ville, repose Ahmadou Ahidjo, le premier Président du Cameroun. Exilé au Sénégal dès juillet 1983, il était accusé d’être le cerveau du coup d’État manqué de 1984 par celui à qui il avait pourtant cédé le pouvoir, Paul Biya. Ce dernier, 36 ans plus tard, est encore Président et bloque toutes les demandes visant à ramener les restes de son défunt ex-mentor en terre camerounaise.

Macky Sall condamne mais se démarque de la Cedeao

En droite ligne de la posture très tôt affichée par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), et au lendemain du communiqué du gouvernement ivoirien rompant tout lien avec le Mali, le Président sénégalais s’en est également pris aux nouveaux maîtres de Bamako en dénonçant «le coup de force contre un Président démocratiquement élu» qu’il a «fermement condamné».

Cependant, il s’est notablement démarqué de ses pairs de la Cedeao, notamment de la Côte d’Ivoire qui a rompu tout lien avec le Mali en fermant ses frontières.

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