Depuis la prise du pouvoir au Mali par le Conseil national de salut du peuple (CNSP) le 18 août dernier, le sort d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est au cœur des tractations entre la junte et l’entourage de l’ex-chef d’État démissionnaire.
À seulement 1.200 km de Bamako par la route et moins de deux heures par avion, la capitale sénégalaise a acquis une certaine réputation dans l’accueil de dirigeants étrangers déchus du pouvoir. Amadou Toumani Touré (ATT), chassé du palais de Koulouba par la junte du capitaine Amadou Haya Sanogo en mars 2012, avait trouvé refuge à Dakar en compagnie de sa famille. Son départ avait été âprement négocié avec les putschistes d’alors. Transféré dans un premier temps à l’ambassade du Sénégal à Bamako, il avait reçu l’autorisation de s’exiler en dépit de l’opposition d’une frange des militaires. Il est revenu dans son pays en décembre 2017 avec l’aval… d’Ibrahim Boubacar Keïta. Rebelote avec IBK? Tout le monde n’en est pas convaincu.
#Mali, L’ancien Président Amadou Toumani Touré est de retour au Mali. Exilé au Sénégal depuis le coup d’etat du 22 mars 2012, le général ATT a été accueilli par le premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga mais aussi par une liesse populaire. pic.twitter.com/roQDf4ZoJB
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Amadou Toumani Touré de retour à Bamako en décembre 2017.
«Dakar étant trop près de Bamako, Abu Dhabi me semble plus plausible comme destination d’exil pour l’ex-Président Ibrahim Boubacar Keïta. Le contexte dans lequel intervient ce changement de régime au Mali est totalement différent de celui dans lequel l’ancien chef d’État Amadou Toumani Touré avait pu trouver refuge au Sénégal. Le Sénégal est un maillon important de la Cedeao qui, elle-même, est juge et partie dans ce dossier», souligne Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE).
Avant Amadou Toumani Touré, la capitale sénégalaise avait accueilli l’ex-Président du Tchad Hissein Habré. Après avoir dirigé le Tchad de 1982 à 1990, il avait été renversé par son ancien compagnon de maquis Idriss Deby Itno.
Au cimetière musulman de Yoff, à une trentaine de minutes du centre-ville, repose Ahmadou Ahidjo, le premier Président du Cameroun. Exilé au Sénégal dès juillet 1983, il était accusé d’être le cerveau du coup d’État manqué de 1984 par celui à qui il avait pourtant cédé le pouvoir, Paul Biya. Ce dernier, 36 ans plus tard, est encore Président et bloque toutes les demandes visant à ramener les restes de son défunt ex-mentor en terre camerounaise.
Son Excellence Ahmadou Ahidjo aurait eu 94 ans ce jour
— culturebene (@culturebene) August 24, 2018
Ahmadou Babatoura Ahidjo (né le 24 août 1924 à Garoua, Cameroun français - mort le 30 novembre 1989 à Dakar, Sénégal) est le premier président de la République du Cameroun.
RIP. pic.twitter.com/66qLhUuwxJ
Dakar : Ce qui reste de la tombe de Ahmadou Ahidjo https://t.co/zk8ScoxEY6 pic.twitter.com/p2KiWafZ8I
— Linda Mbiapa (@lindambiapa) July 7, 2015
La tombe d’Ahidjo au cimetière musulman de Yoff à Dakar.
Macky Sall condamne mais se démarque de la Cedeao
En droite ligne de la posture très tôt affichée par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), et au lendemain du communiqué du gouvernement ivoirien rompant tout lien avec le Mali, le Président sénégalais s’en est également pris aux nouveaux maîtres de Bamako en dénonçant «le coup de force contre un Président démocratiquement élu» qu’il a «fermement condamné».
Cependant, il s’est notablement démarqué de ses pairs de la Cedeao, notamment de la Côte d’Ivoire qui a rompu tout lien avec le Mali en fermant ses frontières.
#Mali : Ce matin, lors du sommet extraordinaire, j'ai appelé la CEDEAO à réapprécier les sanctions annoncées, pour tenir compte des impératifs humanitaires. Les denrées de première nécessité, les produits pharmaceutiques et pétroliers ne seront pas concernés par l’embargo. pic.twitter.com/22MCUh98ch
— Macky Sall (@Macky_Sall) August 20, 2020