Vengeance de Tchétchènes armés évitée à Saint-Dizier: «nous avons su qu’une expédition punitive allait avoir lieu»

© REUTERS / Gonzalo FuentesGérald Darmanin
Gérald Darmanin - Sputnik Afrique
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Deux mois après Dijon, des membres de la communauté tchétchène ont été mis en examen pour avoir préparé une expédition punitive à Saint-Dizier. Le mal a été évité, mais le développement d’une justice communautaire, ne manque pas d’inquiéter. Quentin Brière, maire de la ville, a confié à Sputnik les dessous de l’affaire.
«Aucune communauté sur le sol de la République ne fait sa loi.»

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est montré ferme lors de sa venue le 16 août dans la ville de Saint-Dizier (Haute-Marne). Le même jour, trois individus nés en Russie et originaires de Tchétchénie ont été mis en examen par un juge d’instruction pour transport d'armes de catégorie D et association de malfaiteurs.

​Ils sont soupçonnés d’avoir voulu participer à une expédition punitive, à la suite de l’agression de l’un des leurs. Une affaire qui rappelle les très violents incidents dont Dijon avait été le théâtre en juin dernier. Tous les trois sont en situation régulière en France. Deux d’entre eux ont été placés sous contrôle judiciaire quand le troisième se retrouve derrière les barreaux en détention provisoire.

«Un travail effectué de concert»

Contrairement à l’affaire dijonnaise, où des affrontements avaient éclaté entre membres de la communauté tchétchène et jeunes des quartiers sensibles de la ville issus de la communauté maghrébine, cette fois la police a pu intervenir avant que la situation ne dégénère.

«Nous avons su en amont qu’une expédition punitive allait avoir lieu. Cette anticipation a été rendue possible par le travail effectué de concert entre les services de renseignement, la gendarmerie, la police et nous, collectivité locale», explique au micro de Sputnik France Quentin Brière, maire de Saint-Dizier.

En guise de précaution, le préfet de Haute-Marne et le directeur départemental de la sécurité publique avaient déployé dès le 14 août «un dispositif de sécurité préventif renforcé». C’est grâce à ce dernier que les membres de la communauté tchétchène ont été interpellés. Cette fois donc, les avertissements des renseignements semblent avoir été suivis.

Vers 17h30 le 14 août, les forces de l’ordre ont contrôlé cinq véhicules à l’entrée de la ville, desquels des «armes potentielles dépassaient» d’après le parquet. Les 16 individus qui étaient à bord, tous ressortissants tchétchènes ne résidant pas à Saint-Dizier ont alors été interpellés et placés en garde à vue. Les policiers ont trouvé à l’intérieur des voitures des couteaux, outils et autres bâtons en compagnie… d’un sabre. Les autorités les soupçonnent d’avoir voulu venir en découdre pour venger l’un des leurs agressé la veille.

«Des territoires de sécurité urbaine et rurale»

D’après les premiers éléments de l’enquête, un jeune tchétchène d’une trentaine d’années s’est en effet retrouvé dans une rixe dans le quartier du Vert-bois à Saint-Dizier, rixe qui opposait deux familles du quartier. Il aurait été légèrement blessé.

«Deux "familles" et leurs entourages se sont accrochés dans le quartier du Vert-Bois et un jeune homme tchétchène qui était présent a pris un coup. Il n’a pas été hospitalisé. Je ne sais ce qu’il faisait là-bas, mais je pense que ce n’était pas pour le tourisme», rapporte Quentin Brière.

Le jeune homme aurait alors décidé de se venger et a appelé à la rescousse ses amis pour revenir le lendemain et se faire justice. La France devient-elle un pays où les vengeances communautaires prennent le pas sur la justice? Le maire de Saint-Dizier préfère s’en tenir aux faits les plus immédiats:

«Il y a aujourd’hui en France beaucoup de petits clans et groupes qui sont souvent impliqués dans le trafic de drogue et ont des affaires économiques noires à gérer. C’est davantage ce contexte qui conduit à ce genre violence que des histoires en rapport avec la communauté d’origine de ceux impliqués dans ce type de rixe», ajoute l’édile.

Gérald Darmanin a quant à lui pris les devants de toute critique de laxisme: «C’est la police de la République, la gendarmerie, c'est bien sûr les forces légitimes d'intervention des forces de l'ordre qui font la loi dans notre pays».

L’information judiciaire devra donc permettre d’enquêter afin de connaître l’«ampleur» de cet appel à la vengeance qui a circulé entre les membres de la communauté tchétchène interpellés. Les 13 autres individus concernés ont été laissés libres à l’issue de la garde en vue sans charge retenue contre eux.

​Interrogé sur la continuité entre cette affaire et celle de Dijon, Gérald Darmanin a souligné que «la plupart des personnes de la communauté tchétchène sont demandeurs d'asile ou ont l'asile sur le territoire national».

«Cependant, avoir l'asile sur le territoire national ne crée pas des droits de mettre le bordel, de faire des règlements de compte ou d'attenter à la vie des uns et des autres», a-t-il lancé.

Le locataire de la place Beauvau a également déclaré qu’il demanderait à son administration de «regarder avec un œil différent» les demandes d'asile de personnes mises en cause dans ce type d'affaires.

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Quentin Brière «remercie Gérald Darmanin» pour sa visite dans la ville. Il lui demande dorénavant de «faire perdurer la coordination mise en place dans cette affaire». «Notre ville est à l’intersection de trois départements et de différentes collectivités et agglomérations. Pour réussir cette nécessaire coordination il faut faire travailler de concert des départements différents, des préfets différents, des procureurs différents, des gendarmeries différentes et des polices différentes. Dans ce cas précis, nous avons réussi, et c’est un véritable tour de force», se félicite l’élu. Avant de conclure:

«Mais demain, il faut passer à la vitesse supérieure et créer des territoires de sécurité urbaine et rurale. C’est cela que je souhaite demander au ministre. Ce type d’organisation doit permettre de faire travailler ensemble gendarmerie, police, collectivités et justice. Cela parait anodin mais il existe aujourd’hui des limites administratives qui divisent les territoires et les bassins de vie. Nous avons besoin de la force d’un ministre pou
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