Le relâchement des jeunes vis-à-vis des gestes barrières est-il la seule raison de la reprise de la pandémie de Covid-19 en France? En effet, que dire des mesures prises par l’exécutif à l’encontre de ceux qui arrivent sur le territoire français… Déjà pointés du doigt lors de la première vague, d’abord pour l’absence totale de contrôle sanitaire et la continuité des vols vers et depuis les pays et zones à risque, les aéroports pourraient se retrouver à nouveau au centre d’une polémique.
«Il suffit d’emprunter un vol New Delhi-Paris avec escale à Francfort ou un avion Lima-Paris avec escale à Barcelone pour débarquer sans que la PAF (police aux frontières) ne s’inquiète», relate Le Canard enchaîné.
Réponse de la place Beauvau à cette incohérence: «Le ministère de l’Intérieur français n’a pas d’action de contrôle possible sur les voyageurs en provenance de l’intérieur de l’espace européen.»
Londres, de son côté, imposera dès samedi 15 août une quatorzaine pour tous les passagers en provenance de France. «Nous ne pouvons nous permettre d'importer de nouveaux cas de l'étranger», a ainsi déclaré Grant Shapps, ministre britannique des Transports, rappelant les «grands sacrifices» consentis pour faire baisser le nombre de cas au Royaume-Uni. Cet argument n’a pas convaincu Paris qui imposera une mesure similaire, au nom de la règle de réciprocité.
L’Europe avant tout!
Tout aussi intéressant, l’hebdomadaire satirique rappelle que, dans le cas présent, «tests obligatoires» ne rime pas avec «effectués en France». Ainsi, le doute serait-il permis sur les justificatifs présentés par les passagers arrivant de certaines destinations à risque? Un cadre de la sécurité de Roissy franchit le pas pour le Canard: «Vu les pays en question, c’est un jeu d’enfant de faire un faux. Moi, je vous le fais en deux minutes chrono avec un faux logo et mon nom dessus», relate-t-il.
Qu’en est-il des 34 personnes détectées depuis le 2 juin par les caméras thermiques pour avoir affiché une température corporelle de plus de 38 degrés? «Une visite médicale leur a été proposée pour se faire tester», répond ADP au palmipède.
«On a tous rempli notre formulaire, mais quand on a demandé à qui il fallait le donner, les hôtesses nous ont dit: "Ah, on ne sait pas, c’est nouveau." Puis, à la PAF, ils nous ont dit: "Ce n’est pas pour nous, on n’en veut pas." Résultat: Tout l’avion a jeté son formulaire à la poubelle», relate au Canard un voyageur.
Déjà, début mai, lors de l’annonce du déconfinement, l’exécutif avait créé la polémique en n’imposant aucune restriction de circulation aux ressortissants européens se rendant en France. Un deux poids-deux mesures que les Français, devant toujours se déplacer dans un périmètre restreint à 100 km, n’avaient pas particulièrement apprécié.
En somme, si le virus n’a cure des frontières nationales, comme nous l’a répété tout au long de la crise l’exécutif, cela ne serait pas le cas des frontières européennes.