Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a tenté de tuer un ancien responsable des services secrets saoudiens, Saad al-Jabri, affirme ce dernier dans une plainte de 106 pages déposée auprès de la cour de district de Washington, aux États-Unis.
«Le suspect, Mohammed ben Salmane, a personnellement orchestré une tentative d'assassinat extrajudiciaire sur Saad al-Jabri, qui se poursuit encore aujourd'hui [...]. Il a kidnappé deux enfants du Dr Saad pour le piéger en Arabie saoudite, et a finalement envoyé un groupe d'assassins outre-Atlantique pour essayer de tuer le Dr Saad», détaille la plainte enregistrée dans la base de données du tribunal.
«Vous avez deux choix. Le premier est de retourner au royaume. Le second est que nous vous poursuivrons légalement et en utilisant toutes les méthodes disponibles», menace l’interlocuteur d’al-Jabri.
Des assassins envoyés de Riyad au Canada?
Selon la plainte, des tueurs munis de deux valises pleines d’instruments d’examen anatomopathologique sont arrivés au Canada, où réside M.al-Jabri.
D’après ce même document, la tentative d'assassinat a été déjouée par les forces de l'ordre canadiennes moins de deux semaines après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul, dont le corps avait été démembré à l'aide d’instruments d’autopsie.
Quelles pourraient-être les raisons de cette tentative?
Le plaignant allègue que pendant plusieurs décennies, il a possédé des informations accablantes sur le prince et qu’il a collaboré avec les services de renseignement des États-Unis. Selon lui, ces deux facteurs ont poussé Mohammed ben Salmane à commanditer son assassinat.
«Le Dr Saad disposait d’informations confidentielles sur les intrigues politiques secrètes de ben Salmane à la cour royale, sur ses accords commerciaux corrompus et sur la création d'une équipe de mercenaires personnels baptisée Tiger Squad que l'accusé a plus tard utilisée pour faire assassiner Jamal Khashoggi», toujours d’après la plainte.
Le plaignant souhaite obtenir une compensation
Saad al-Jabri demande une compensation financière, mais les tenants et les aboutissants de cette affaire ne sont pas clairs. Les tribunaux américains partent généralement du principe de l'immunité souveraine, selon lequel les actions des officiels étrangers ne doivent pas être examinées par la justice des États-Unis.
Meurtre de Jamal Khashoggi
Le journaliste Jamal Khashoggi a été assassiné et son corps découpé en morceaux le 2 octobre 2018, dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul où il s'était rendu pour récupérer un document.
Selon la Turquie, Khashoggi a été étranglé puis sa dépouille a été démembrée lors d'une mission opérée par une équipe de 15 personnes. Les restes de l'éditorialiste de 59 ans n'ont jamais été retrouvés.
Après avoir nié l'assassinat, puis avancé plusieurs versions contradictoires, les autorités de Riyad ont affirmé qu'il avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls et sans ordre de hauts dirigeants.