Appel à une levée de boucliers au Togo pour mettre un frein à la traite des enfants

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Considérée par l’ONU comme une urgence planétaire depuis 2013, la traite des enfants prend une ampleur substantielle en Afrique subsaharienne. Le Togo est décrit comme une «plaque tournante» de ce fléau qui fait des centaines de victimes chaque année.

«Crime contre l’humanité et contre des mineurs», c’est ainsi qu’au Togo, la Commission nationale d’accueil et de réinsertion sociale des enfants victimes de la traite qualifie le phénomène du commerce des jeunes qui prend de plus en plus d’ampleur dans le pays, appelant le gouvernement à un renfoncement de la lutte.

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Réunie à Lomé le 30 juillet dernier à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la traite des personnes, cette structure, qui dépend du ministère togolais du Travail, a fait le point de la situation du trafic d’enfants au Togo, devenu «une plaque tournante» pour le phénomène en Afrique subsaharienne.

«La traite des enfants a deux visages au Togo: interne ou transfrontalière. C’est pourquoi nous disons que le pays est une zone de transit, d’accueil et de destination. Des jeunes togolais victimes de traite sont envoyés à l’étranger et des enfants étrangers qui sont objets de trafic sont retrouvés ici au Togo», explique à Sputnik Marceline Galley-Agbessi, cadre au ministère du Travail et secrétaire permanente de cette commission.

Le terme «traite» désigne, selon une définition onusienne, le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, aux fins d’exploitation. Des trafiquants persuadent des enfants de quitter leur domicile ou leur localité en leur promettant une scolarité de haute qualité et une formation professionnelle dans les grandes villes de leur propre pays ou à l’étranger. Mais ils sont en réalité destinés à une forme d’esclavage moderne. On les retrouve dans le travail domestique, dans l’exploitation sexuelle à des fins commerciales, dans les champs, etc.

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La plupart des cas concernent des orphelins ou des enfants en difficulté et contraints de se prendre en charge. Des jeunes qui, croyant être destinés à une vie meilleure, acceptent volontairement ou à la demande de parents ou de tuteurs, les propositions des trafiquants.

La Commission nationale d’accueil et de réinsertion sociale des enfants victimes de la traite au Togo, qui œuvre en partenariat avec ses homologues dans des autres pays d’Afrique subsaharienne, les accueille chaque année par «centaines».

«En 2019, la commission a accueilli plus de 800 enfants, togolais ou étrangers, destinés à la traite au Togo. Ce qui veut dire que le phénomène est grave. En outre, des jeunes togolais se retrouvent dans d’autres pays comme le Gabon, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Niger et vice-versa», indique Marceline Galley-Agbessi.

Entre 2007 et 2019, ce sont près de 3.500 enfants victimes de la traite qui ont été interceptés ou rapatriés par la Commission nationale d’accueil et de réinsertion sociale des enfants au Togo. À l’identification, ces enfants sont placés dans les centres d’accueil, gérés par des ONG, et pris en charge par l’organisme qui leur propose ensuite «une solution de rechange».

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«Cette solution consiste à identifier les parents, puis rapatrier les étrangers vers leur famille si tel est leur désir. Sinon, ensemble, on essaie de leur construire un projet de vie qui peut passer par l’apprentissage jusqu’à l’obtention du diplôme qui leur permet de se prendre en charge. Pour des enfants trop petits, si c’est encore possible, on les remet à l’école», explique Marceline Galley-Agbessi.

Un crime sévèrement réprimé

La traite des personnes en général, celle des enfants en particulier, est sévèrement punie par la législation togolaise.

Selon l’article 318 du Code pénal, «toute personne qui facilite ou participe, par tout moyen, au processus de traite des personnes […] est punie d’une peine de réclusion de dix à vingt ans et d’une amende de dix millions de francs CFA (un peu plus de 15.000 euros) à cinquante millions de francs CFA (un peu plus de 76.000 euros)».

La peine privative de liberté encourue est réduite de moitié si, ayant averti l'autorité administrative ou judiciaire, l'auteur ou le complice a permis de faire cesser l'infraction ou d'éviter que l'infraction n'entraîne mort d'homme ou infirmité permanente et d'identifier, le cas échéant, les autres auteurs ou complices.

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